La production mondiale de maïs a plus que triplé en 40 ans ! Elle a atteint 1 220 millions de tonnes en 2023. Mais seuls cinq pays arbitrent les marchés de l’export face à une myriade d’importateurs, avec en tête la Chine et l’Union européenne (UE). « Un ensemble de facteurs explique ces évolutions divergentes », démontre Arthur Portier, consultant senior à Agritel.
Quand les États-Unis ont fait le choix de cultiver du maïs OGM BT il y a une trentaine d’années, les rendements des cultures ont progressé de 3 t/ha en 20 ans puis se sont stabilisés à des niveaux élevés (11 t/ha). La filière bioéthanol a largement tiré profit de cette expansion.
Dans le même temps, la production européenne de maïs grains oscille selon les années entre 53 Mt et 63 Mt. Mais les vingt-sept ont fait le choix de ne pas planter d’OGM.
En Chine, la culture du maïs s’est développée au gré des décisions prises par le gouvernement chinois depuis les années 1990. Déficitaire, le pays s’est donné les moyens pour couvrir ses besoins et accompagner l’essor des filières animales.
Le prix garanti de la tonne de maïs payé aux planteurs chinois les a incités à produire et à rendre le pays excédentaire jusqu’en 2004. Mais dès que le gouvernement a entrepris de diminuer ce prix garanti et à amoindrir la rentabilité de la culture de la céréale, les paysans s’en sont progressivement détournés. C’est alors que l’empire du milieu est devenu structurellement déficitaire en maïs et s’est même transformé en un pays importateur majeur.
Mais lorsque le gouvernement chinois autorisera la plantation de variétés OGM et NBT, la production pourrait de nouveau croître de 35 à 40 Mt. La Chine atteindra de nouveau l’autosuffisance.
« La production américaine de maïs dépend aussi de facteurs exogènes », souligne Arthur Portier. Le prix de la céréale étant fortement corrélé au cours du pétrole, les farmers américains sont incités à semer du maïs lorsque ce dernier flambe. Mais chaque année, au mois de février, ils arbitrent aussi leur assolement en faveur de la céréale si le ratio « cours du soja/cours du maïs » est inférieur à 2,2-2,3.
La géopolitique influe aussi sur la production de maïs. En Ukraine, le pays a conservé une grande partie de ses capacités de production et d’exportation car la céréale est produite dans des régions qui ne sont pas en guerre. A contrario, moins de blé est cultivé car les régions de l’est sont davantage exposées au conflit. Mais les prix de l’ensemble des céréales se sont effondrés quand l’Ukraine n’a pu expédier ses céréales depuis les ports de la mer Noire.
Toutefois, le pays a toujours exporté du maïs vers l’UE. Le record des ventes a été atteint en 2019 (15 Mt), trois ans avant le début de la guerre.
Si l’UE s’élargit à l’Ukraine, elle constituera un ensemble homogène sur la scène internationale, à la fois exportateur de maïs (30 Mt) et de blé (50 Mt). Elle sera quasiment à égalité avec les États-Unis, actuellement la première puissance exportatrice de céréales au monde.
À lire aussi >> Céréales : Récoltes 2024, la France tire l’UE vers le bas