La part de la production d’énergie atteint désormais 5% du chiffre d’affaire de la ferme Nord-Est (Aisne, Marne et Ardenne). Cela devient important, constate François Istasse, responsable de l’unité transition énergétique de la caisse du Crédit agricole Nord-Est.
Cette activité énergie apporte un revenu complémentaire aux agriculteurs tout en répondant à la problématique de la transition écologique. Avec ses prix garantis sur 15 à 20 ans, la production d’énergie s’avère aussi un élément de stabilité financière dans une agriculture soumise à de nombreux aléas.
L’aventure a commencé avec quelques pionniers en éolien. Elle continue avec le photovoltaïque. « Cette énergie est bien maîtrisée. Les retours sur investissement sont conformes aux prévisions. Aujourd’hui, tout agriculteur construisant ou rénovant un bâtiment doit réfléchir à la pose de panneaux », soutient l’expert.
Pour l’agrivoltaïsme, le sujet est plus récent, avec un décret paru en avril. « Nous attendons le texte sur la sanction en cas de non-respect des règles. L’activité agricole sur le terrain où les panneaux seront implantés ne doit pas perdre plus de 10 % de sa production et le taux de couverture en panneaux doit être inférieur à 40 %. Or, selon l’Inrae, dans le bassin parisien, au-delà de 20 % de couverture en panneaux solaire, la productivité agricole chute à plus de 10 %. La sanction maximum serait le démantèlement des panneaux solaires. À un million d’euros l’hectare de panneaux, il s’agit de bien réfléchir », avertit le banquier. Les prospectives seraient une couverture maximale de 1 % de la surface agricole. Soit 1 000 hectares maximum par département.
Le Crédit agricole Nord-Est accompagne les projets de méthanisation depuis 2005. Soit 100 projets réalisés, ou encore 85 % des projets du territoire, allant de 300 000 à 10 millions d’euros. « En 2022, 100 % des projets en injection directe sont au-dessus des prévisions. La co-génération n’a pas suivi la même trajectoire » indique le responsable de la banque verte. La caisse du Nord-Est s’est organisée en bureau d’études pour la méthanisation, avec sept experts pour analyser les projets. Ils assurent un suivi annuel sur site et une étude des écarts par rapport aux prévisions. « Un projet bien étudié en injection se passe bien » rassure le banquier. Il faut prévoir 4 hectares pour chaque Nm3 de gaz. Avec un retour sur investissement de 8 à 10 ans. Les projets qui fonctionnent le mieux sont ceux de taille intermédiaire, constitués par quelques agriculteurs. Trop petits, ils s’avèrent trop compliqués. Trop gros aussi. À partir de 360 hectares, le projet peut être viable. Mais il faut bien intégrer l’évolution des coûts, des normes et des taux bancaires. Après une pause, certains projets de méthanisation réapparaissent.