Thierry Bailliet : le premier agriyoutubeur
Connu pour sa chaîne YouTube, « Thierry agriculteur d’aujourd’hui », Thierry Bailliet, youtubeur du Pas-de-Calais, rassemble plus de 111 000 abonnés.
Son exploitation compte 150 hectares, dont 90 en conventionnel (où il cultive du blé, des betteraves, des pommes de terre, du colza, des céréales) mais aussi des légumes de plein champ biologique (dont le poireau, l’oignon, le potimarron, le butternut et le quinoa).
L’aventure du vidéaste commence il y a dix ans, lorsqu’il crée sa chaîne avec l’ambition d’expliquer son métier : « j’avais déjà un peu la fibre dans la réalisation de vidéos et je me suis dit qu’il fallait absolument que je fasse une chaîne YouTube qui explique mon métier ». Il fut le premier « Agriyoutubeur », à communiquer sur son métier auprès du grand public. Mais après deux ans d’activité, Thierry Baillet prend une décision qui va impacter son travail éditorial : il veut s’adresser au monde agricole. « Je veux pousser les plus jeunes à rentrer dans ce métier, car ça va les intéresser et changer leur vision de l’agriculture, en ouvrant leur horizon, en montrant les différentes façons de faire, les modes de cultures… Donc j’ai mis un peu plus de techniques agricoles dans mes vidéos ».
L’agriculteur n’a pas oublié le grand public ; c’est pour cela qu’il crée l’application « Dans tes bottes », qu’il qualifie de « Airbnb pour la visite à la ferme », qui a pour objectif de mettre en relation le grand public et le monde agricole, en visitant des exploitations. « Les réseaux sociaux, ce n’est clairement pas fait pour tout le monde, mais faire visiter sa ferme, ça peut engager beaucoup plus de monde…. On a beaucoup de ressentiment parfois sur ce que pense le public de ce que l’on fait, ce que l’on est et quand on se rend compte de la réalité de leur regard, à 99 %, ils ne connaissent pas notre métier ».
Bruno Cardot : l’humour et l’autodérision
Bruno Cardot, connu pour son iconique « Salut Salut ! » sur les réseaux sociaux, est un agriculteur de l’Aisne, qui cultive des betteraves, du blé, du colza, de l’orge et même des vignes. Connu et reconnu pour ses vidéos sur le web, il devient en quelques années un des porte-parole des agriculteurs auprès du grand public. L’aventure de Bruno Cardot commence en 2018 à la suite du mouvement d’agribashing de 2017 qui a dénigré les agriculteurs. « On s’en est pris plein la figure, on s’est rendu compte que la communication faite uniquement par les syndicats ou l’interprofession ne suffisait pas. Qui de mieux que nous pour expliquer notre métier ? ». La même année, il fait la rencontre de l’association FranceAgritwittos et il décide de se lancer !
« Ça m’a tout de suite plu », annonce le vidéaste. Il compte maintenant plus de 10 000 abonnés sur X (anciennement twitter) et partage son quotidien avec ses abonnées sur les problématiques que les agriculteurs rencontrent en jouant la carte de l’humour et l’autodérision. Avec ces vidéos, le betteravier veut toucher les jeunes et les non-agriculteurs. « La priorité, c’est de toucher le grand public. L’erreur que notre profession a faite, c’est d’être restés entre nous. À part le Salon de l’agriculture, il n’y a pas grand-chose où le public est présent et puis on s’étonne qu’il ne comprenne pas l’agriculture ! ». L’exploitant lutte sur tous les fronts, jusqu’aux plateaux de télévision, pour porter la voix des agriculteurs. Avec FranceAgritwittos, il incite ses confrères à se lancer dans la création de contenu sur le web. « On peut tous consacrer 5 minutes par jour : 5 minutes, c’est une photo et des hashtags ». Atteindre le grand public paraît impossible pour les organismes agricoles, mais selon Bruno Cardot « il faut s’en donner les moyens ».
Michael Dusek : le farmer aux 12 000 abonnés
Cap au-delà de l’Atlantique, à la rencontre de Michael Dusek, betteravier américain de la Red River Valley, dans le Dakota du Nord. Agriculteur de la sixième génération, il cultive 2 430 hectares avec quatre autres familles d’exploitants agricoles. En 2018, il commence la culture de la betterave pour la coopérative American Crystal Company et cultive des haricots, du blé, du soja et du maïs.
Michael Dusek est plus connu sur YouTube sous le pseudo de « Beet Farming Mitch », où il rassemble plus de 12 000 abonnés et comptabilise plus d’un million de vues. Armé de sa caméra et de son drone, le vidéaste partage sa passion du métier ; « je cultive des betteraves, et peu de personnes savent d’où provient le sucre… Je veux juste que les gens sachent d’où vient leur nourriture, c’est pour cela que j’ai commencé les vidéos ». À travers ses films, il entraîne ses abonnés dans son quotidien et cultive leur curiosité en filmant ses journées de travail typiques, ses semis, ses récoltes, explique le fonctionnement des machines … Pour un agriculteur européen, l’intérêt de ses vidéos et de découvrir des pratiques qui diffèrent des nôtres et des chantiers de betteraves XXL. L’exploitant a pour objectif de transmettre sa passion : « l’agriculture me rend heureux, et j’aime montrer au public ce qui se passe et peut être, faire naître une passion chez certaines personnes ». Entre le travail au champ et la création de contenu, le betteravier confie qu’il est difficile de trouver du temps pour consolider les deux activités. « J’ai des commentaires qui me demandent de faire plus de vidéos, j’essaie d’en faire le maximum, filmer et monter prend du temps, je peux le faire pendant mes heures creuses ou quand la météo rend complexe le travail sur l’exploitation ». Dans le Dakota du Nord, les températures peuvent atteindre moins 20 degrés, « j’ai aussi une vie de famille à prendre en compte ».