« Je surveille comme le lait sur le feu les investissements, car c’est ce qui traduit la politique d’une entreprise. Quand une boîte arrête d’investir dans un site, ce n’est pas très bon signe », a déclaré Arnaud Rousseau, le président de la FNSEA, à l’occasion de l’assemblée générale de l’Unifa, le syndicat des fabricants d’engrais. « Je sais que les fabricants d’engrais ont des enjeux d’arbitrage à l’échelle internationale, et au regard des contraintes en France, ils auraient quelques facilités parfois à aller prévoir autre chose ailleurs ».
Tout en étant conscient de ce problème, le président de la FNSEA a appelé les fabricants d’engrais à maintenir, voire à augmenter leur production d’engrais en France et en Europe. « Les échanges sur la planète sont très largement remis en cause », rappelle le président de la FNSEA en évoquant le Covid ainsi que la guerre en Ukraine.
Mais « une capacité à produire sur un territoire, ça reste essentiel ». Et de poursuivre : « dans nos sujets de souveraineté, les engrais sont centraux ». Il a par ailleurs rappelé son attachement au maintien et à la création d’emploi sur le territoire national.
Par ailleurs, « la stratégie européenne vis-à-vis de l’agriculture et de la production d’intrant n’existe pas aujourd’hui », a déploré Franck Laborde, le président de l’AGPM, en appelant les institutions européennes à définir une véritable stratégie en termes de souveraineté agricole dans les mois à venir.
Au-delà de cette question de la relocalisation de la production des engrais, Franck Sander a rappelé la nécessité de ne pas placer les agriculteurs français dans une situation de distorsions de concurrence vis-à-vis du coût de la fertilisation.
Autre sujet abordé lors de l’assemblée générale des producteurs d’engrais, la diminution des émissions de gaz à effet de serre (GES) liées à la fertilisation. Parmi les leviers à activer, Franck Sander, le président de la CGB, a évoqué celui de l’irrigation.
En effet, « le meilleur moyen d’optimiser l’utilisation de l’azote, c’est d’avoir un rendement régulier », a-t-il déclaré. Or, il a rappelé que l’irrigation permettait d’avoir des rendements plus réguliers et donc plus prévisibles. Prévoir un rendement permet de calculer la quantité d’azote à apporter au plus juste et d’éviter de surfertiliser.
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