En avril, l’annonce des résultats historiques de la campagne brésilienne (42,4 millions de tonnes sur la campagne 2023-2024, soit 10 % de plus que le précédent record !) avait poussé les spéculateurs à passer de positions majoritairement acheteuses vers des positions vendeuses. Depuis, la tendance s’est amplifiée : début juin, les voilà désormais nets-vendeurs de plus de 3,4 Mt de sucre : un record qui n’avait pas été vu depuis deux ans.
Cette forte pression a fait perdre 20 % au sucre sur le marché mondial depuis avril. Pour être honnête, les spéculateurs n’en sont pas les seuls responsables : la monnaie brésilienne joue aussi contre le sucre. Depuis le début 2024, le Réal a perdu 7 % de sa valeur, et contribue aussi à la baisse du prix du sucre – en effet, échangé en dollar, les Brésiliens (principaux vendeurs sur le marché mondial) peuvent le vendre moins cher tout en touchant le même montant en Réal.
Bref, un contexte délicat pour le sucre, qui reste pourtant autour de 19 cts/lb : une vraie performance !
Il faut dire que la demande domestique indienne aide. New Delhi autorise la mise sur le marché domestique d’un volume, en juin 2024, supérieur de 8,5 % au volume de l’an dernier, pour limiter la hausse des prix domestiques. Et ce même gouvernement s’oppose toujours à l’autorisation de nouveaux volumes d’export.
Autre signe porteur : du côté chinois, on entend que le pays profiterait des valeurs actuelles du marché pour consolider ses stocks domestiques – signe qu’il aurait donc une vision haussière du marché pour la seconde partie de l’année 2024.
D’ailleurs, depuis le début du mois, les cours montrent des signes de reprise… Les récentes statistiques en provenance du Brésil, qui montrent que la campagne semble désormais se normaliser, n’y sont pas étrangères. Cela suffira-t-il à un changement de point de vue des spéculateurs, alors que les analystes s’accordent sur le fait que la campagne 2024-2025 sera plus tendue que la précédente ?
Du côté européen, le marché reste attentiste. Les livraisons d’avril dernier l’ont été à un prix de 843 €/t, et le marché spot semble désormais se stabiliser, dans l’attente des rendements à venir pour la prochaine campagne : quel sera l’impact des semis tardifs et de la météo maussade ? Et avec quel effet sur le bilan européen ? Répondre à ces questions aussi tôt dans l’année reste cependant, à l’heure actuelle, proche de la spéculation !
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