Des semis tardifs (9 avril en moyenne), une sécheresse en fin de printemps et une grande pluviométrie estivale. Jean-Jacques Fatou, directeur adjoint de la CGB Somme, est revenu sur la campagne 2023. La minéralisation importante et la forte pression cercosporiose ont généré une richesse faible de 16,8°S avec, fait rare, de nombreux silos en dessous de 16. Point positif, une jaunisse très limitée.
La pluviométrie, exceptionnelle fin octobre, a perturbé les arrachages et la marche des usines. Au 1er décembre, alors que normalement toutes les betteraves sont arrachées, un quart de la sole restait en terre. La tare terre a longtemps oscillé de 18 à 20 % (moyenne campagne 14,6 %).
Malgré le gel de début décembre, la neige de janvier tout a pu être récolté, contrairement à la Belgique où plus de 400 hectares sont restées en terre. Après une campagne longue de 130 à 145 jours, les 2 600 betteraviers samariens ont obtenu un rendement de 82 t/ha.
Maintenir l’équité entre planteurs
« La CGB reste très attentive aux betteraves non marchandes, en quantité cette année », a précisé le président CGB Somme, Fabien Hamot. Autre sujet, le paramétrage des usines qui doit s’adapter avec des betteraves gelées et dégelées ainsi que la pénalisation des planteurs ayant bâché leur silo. « Il est important de respecter l’équité entre les betteraviers avec les campagnes longues. Pour cela, il est nécessaire de corréler les indemnités de toute nature pour les betteraves concernées au prix de la betterave de l’année », a insisté le président.
L’atténuation de la tare terre a permis de réagir vite. Pour les inondations de la baie de Somme, la CGB et la FDSEA ont pu accompagner les planteurs de la façade maritime en liaison avec les assureurs, la DDTM et les banques. Un dégrèvement de la taxe foncière dans la zone de calamité a été obtenu.
La CGB Somme avait aussi choisi comme thème les rapports entre agriculture et environnement
« Il ne faut pas aller vers des stratégies de décroissance, comme le Green Deal, a martelé le président de la CGB, Franck Sander. L’agriculture peut séquestrer le carbone et il va falloir produire plus. La transition écologique et la baisse des intrants passeront par des variétés résistantes et résilientes au climat.
Les NBT (nouvelles techniques génomiques) qui utilisent les gènes de la même espèce accélèrent les croisements variétaux qui existent depuis la nuit des temps. Mais le dossier s’est politisé. »
Gil Rivière-Wekstein, fondateur de la revue Agriculture et Environnement, confirme : « Selon la définition de la directive 2001/18, les NBT (nouvelles techniques génomiques), produisent des OGM, tout comme les plantes issus de la mutagénèse.
Ce qui a d’ailleurs été confirmé par la Cour de Justice européenne de juillet 2015. Toutefois, étant donné que cette directive a été élaborée pour la transgenèse, excluant de son champ d’application les autres techniques, il aurait été possible d’exclure également les NBT qui ne sont pas utilisés pour faire de la transgenèse.
A la place, la Commission propose de différencier les NBT en 2 catégories, en fonction du nombre de modifications génétiques, excluant de la directive seulement la première catégorie. Ce qui n’a aucun fondement scientifique. Et l’Europe étant le seul continent au monde à vouloir encadrer les NGT de façon aussi curieuse, tous nos concurrents hors UE obtiendront un avantage concurrentiel supplémentaire.
Je note cependant que l’Italie n’a pas attendu l’adoption d’une nouvelle réglementation pour tester pour la première fois des variétés NBT en plein champ, ce qui pourrait amener la Commission à aller plus vite dans un dossier qui, aujourd’hui, reste bloqué a minima jusqu’à juin 2025. »