« Après une campagne 2023-2024 compliquée, voire éprouvante, nous affichons une très belle performance qui permet à notre groupe de proposer un prix de betteraves record à nos coopérateurs », a déclaré le président de Cristal Union, Olivier de Bohan, le 4 juin devant la presse.

Le groupe sucrier Cristal Union présentait ce jour-là des résultats en forte progression pour l’exercice 2023-2024, clos au 31 janvier 2024.

Quelques chiffres illustrent les bonnes performances de la coopérative. Un chiffre d’affaires en progression de 20 % par rapport à l’exercice précédent pour atteindre 2,8 milliards d’euros. Un EBITDA à 432 M€ (+50 %) et un résultat net part du groupe à 307 M€ (+72 %), « à son meilleur niveau depuis dix ans ». Les diversifications apportées par les filiales contribuent aux bons résultats du groupe à hauteur de 57 M€ (dont 31 M€ pour le raffinage du sucre en Italie et en Algérie). Le ratio Dette Nette /Capitaux Propres contractuel est de 13 %. « En 2 ans, on a désendetté 4 annuités. On va continuer », assure Olivier de Bohan.

Prix de betteraves multipliés par deux en 3 ans

Ces bons résultats permettent à Cristal Union de proposer une rémunération record à ses coopérateurs de 51,42 € la tonne de betteraves en moyenne pour la campagne 2023, contre 43,40 €/t pour la campagne 2022.

« Les prix de betteraves sont au plus haut, ils ont été multipliés par deux en seulement 3 ans. C’était nécessaire, car nous avons connu entre 2017 et 2022 une érosion relativement importante des surfaces. La betterave se situe aujourd’hui en tête des marges dans la plupart des exploitations », se félicite le directeur général, Xavier Astolfi. Rappelons qu’en 2020, la betterave avait été payée seulement 25,51 €/t !

Et pour les betteraves semées cette année ? « Nous avons un objectif de prix supérieur à 40 €/t », répond Olivier de Bohan.

Une caisse de péréquation dotée de 50 M€

Le sucrier a tiré parti de la hausse du prix du sucre pour consolider ses capitaux propres et accélérer son désendettement : la dette financière nette est en forte baisse de -25 % sur l’exercice, une diminution qui se poursuivra en 2024-2025, promettent les dirigeants.

Depuis la fin de l’année dernière, on constate cependant une baisse des prix du sucre dans un environnement qui devrait rester favorable.

« Les surfaces européennes sont en hausse, mais il y a des incertitudes sur les rendements.

La production pourrait néanmoins atteindre 18 Mt, un record depuis 2017-2018, avance Stanislas Bouchard, directeur général adjoint chargé de la commercialisation du sucre. Le bilan production / consommation redevient excédentaire dans l’Union européenne ».

Le groupe coopératif anticipe donc les années de vache maigre avec la mise en place cette année d’une caisse de péréquation collective dotée de 50 M€, dont l’objectif est de pouvoir compléter le prix des betteraves en cas de marché déprimé. « Elle sera restituée par décision du conseil d’administration dans un délai maximum de six ans », précise Xavier Astolfi.

Décarbonation

Le groupe en profite également pour accélérer ses investissements notamment dans la décarbonation et la diminution de ses consommations d’eau.

Sur ces deux critères, le sucrier annonce avoir déjà atteint ses objectifs fixés pour 2030. « Cristal Union a réduit ses émissions de gaz à effet de serre de près de 24 % en seulement 4 ans, soit avec 7 ans d’avance », déclare le groupe qui ajoute : « Cristal Union a divisé ses prélèvements d’eau de forage par 3 entre 2010 et 2024 et 5 de ses 8 sucreries sont déjà totalement autonomes. Dès 2025, toutes les sucreries Cristal Union seront 100 % autonomes. »

Au total, la modernisation des usines et la décarbonation bénéficient d’un programme de près de 100 millions d’euros par an dans les prochaines années.

Le sucrier explore toutes les solutions possibles pour décarboner ses activités et atteindre l’autonomie énergétique pour l’ensemble de ses sites en 2050.

Des projets sont déployés sur des usines pilotes et seront duplicables sur l’ensemble des sites. On peut citer un sécheur à Sainte-Émilie, qui utilise toute la chaleur et la vapeur issue de la transformation de la betterave pour déshydrater les pulpes. Dès la prochaine campagne, 40 000 tonnes de CO2 seront économisées, mais aussi 130 000 m3 d’eau seront récupés.

D’autres projets vont déboucher sur des économies d’énergie à Corbeilles (-22 %) en installant 2 nouvelles tours d’évaporation et à Sillery (-5 %) dès 2024, puis à Fontaine-le-Dun (16 % de baisse prévue pour 2025). La piste la plus prometteuse est celle de sucreries 100 % décarbonées par la combustion d’une partie des pulpes de betteraves, avec un projet qui pourra être opérationnel dès 2030 à Arcis-sur-Aube.

Agriculture régénérative et biochar

Cristal Union accompagne également ses adhérents dans la transition de leurs pratiques agronomiques, en promouvant l’agriculture régénérative avec le mouvement Pour une Agriculture Du Vivant (PADV).

En mai dernier, Cristal Union a pris une participation d’environ 20 % dans l’entreprise Gazotech, spécialiste nantais de la pyrogazéification. La transformation de biomasse en gaz, donne un coproduit, le biochar, charbon d’origine végétale capteur de CO2, jugé intéressant pour régénérer les sols agricoles. Ce biochar sera testé cette année par le service agronomique de Cristal Union.

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