« Tereos est entré dans une dynamique très positive. Nos résultats sont vraiment très bons », a déclaré devant la presse le président du conseil d’administration de Tereos, Gérard Clay, le 29 mai dernier. Pour les 10 700 coopérateurs, cela se traduit par une betterave payée 48,16 €/t pour 2023-2024, contre 43,10 €/t l’année dernière. Le prix de la luzerne passe à 144 €/t de matière sèche (MS) en 2023, contre 102 €/t MS en 2022.
Tereos renoue aussi avec une politique de distribution de dividendes issus des diversifications à hauteur de 32 M€, ce qui représente un peu plus de 2 €/t. Les 48,16 €/t se décomposent donc en 42 €/t de prix de base, 2 € de dividendes, 2 € de participation, des primes d’engagement et des indemnités de campagne.
« C’est collectivement que nous avons ramené la coopérative sur la voie du profit, a insisté Gérard Clay. Tout le monde n’y croyait peut-être pas, mais nous sommes en train de réussir. En 3 ans, Tereos a réduit sa dette structurelle de 800 M€ ».
Un chiffre d’affaires de 7,14 milliards d’euros
Les bonnes performances de Tereos se résument en quelques chiffres : Un chiffre d’affaires de 7,14 milliards d’euros (+ 9 %) porté par la hausse des prix, en premier lieu sur le sucre ;
Un EBITDA ajusté en hausse de + 15 % (1,13 milliard d’euros). Un résultat opérationnel (EBIT) récurrent de 836 M€, contre 664 M€ sur l’exercice 2022-2023. Et une poursuite de la réduction de la dette structurelle hors besoin de fonds de roulement (BFR), qui s’établit à 1,03 milliard d’euros, en baisse de 176 M€ par rapport à mars 2023.
« Tereos n’est plus endetté – en relatif – par rapport à la taille du groupe », estime le directeur financier du groupe, Gwenaël Elies.
Ces bons résultats s’expliquent en partie par la conjoncture qui a été favorable pour le sucre. L’augmentation du prix du sucre européen a été de 41 % (589 €/t en 2022-2023 en moyenne, contre 831 /t en 2023-2024). La facture énergétique de Tereos a aussi été allégée, puisque le prix du gaz – un des principaux postes de coût pour une sucrerie – a été inférieur de 70 % à celui de la campagne 2022-2023.
En revanche, les prix de l’éthanol, du blé et du maïs se sont contractés. « Tereos ne fait pas que du sucre (NDLR : Le sucre pèse 45 % du chiffre d’affaires du groupe) et c’est un atout pour compenser la volatilité des marchés », a commenté Olivier Leducq, directeur général de Tereos depuis septembre 2023.
800 M€ pour réduire les gaz à effet de serre
Ces bons résultats permettent également à Tereos d’engager « une stratégie de décarbonation ambitieuse ». Le groupe vise « zéro émission nette sur l’ensemble de sa chaîne de valeur d’ici à 2050, de ses activités agricoles jusqu’à la commercialisation de ses produits, conformément aux objectifs SBTi Flag ». Ainsi, pour les neuf prochaines années, la coopérative va investir 800 M€ afin de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre sur les volets industriel et agricole de ses activités, dont une réduction de 65 % des émissions de gaz à effet de serre liées à ses activités industrielles européennes (scopes 1 et 2) d’ici à 2032-2033.
Concrètement Tereos va mettre en place 78 projets sur 16 sites industriels amidonniers et sucriers, combinant une baisse de la consommation d’énergie à une transition des énergies fossiles vers des énergies renouvelables, notamment électriques – « avec un appel limité à la biomasse », précise le groupe. La première phase des projets de décarbonation concernera les sucreries d’Attin, Bucy et Dobrovice (République tchèque) avec un investissement de 40 M€.
Quant aux émissions indirectes provenant des exploitations agricoles (scope 3), Tereos va progressivement développer l’agriculture régénératrice. La coopérative propose notamment le financement de 1 000 bilans carbone à l’échelle des exploitations des coopérateurs dès 2024. Tereos ne travaille pas seul sur ce sujet en rejoignant la démarche Transitions portée par Vivescia et l’association « Pour une Agriculture du Vivant ». L’ambition affichée est de déployer les pratiques de l’agriculture régénératrice sur 20 % des surfaces de betteraves d’ici 9 ans.
Enfin, la politique de décarbonation, c’est aussi pouvoir proposer des produits biosourcés à ses clients. En 2027, l’usine de Lillebonne (Seine-Maritime) fournira 150 000 tonnes de dextrose de blé par an à l’entreprise belge Futerro pour être transformés en bioplastique.
La méthodologie SBTi FLAG permet de fixer des objectifs de réduction et d’émission évité sur 3 sous-domaines : le changement d’affectation des terres, les pratiques agricoles et la séquestration de carbone grâce à la gestion des sols.
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