« La campagne 2023 a été très compliquée et stressante avec des trombes d’eau lors de la récolte. Heureusement, pratiquement toutes les betteraves ont pu être arrachées », a déclaré Guillaume Wullens, le président de la CGB Nord Pas-de-Calais, lors de l’assemblée générale du syndicat, le 17 mai à Arras. Deux épisodes de gel ont permis d’arracher tous les hectares. Au final, les résultats sont corrects : 81 t/ha à 16°S, comparés à une moyenne 5 ans de 87 t/ha, a dévoilé le directeur du syndicat betteravier, Emmanuel Pigeon.

La campagne 2023 a aussi été marquée par la fermeture de l’usine d’Escaudœuvres, heureusement sans perte de bassin de production.

Se battre pour avoir un commissaire à l’agriculture fort

À quelques jours des élections européennes, le syndicat betteravier a demandé à l’eurodéputée Anne Sander d’exposer les enjeux de cette élection. La prochaine réforme de la PAC va s’écrire avec la nouvelle Commission, vraisemblablement en 2025 : « Il faudra se battre pour avoir un commissaire à l’agriculture fort », milite Anne Sander, qui rappelle que pour la dernière PAC s’était Frans Timmermans, premier vice-président de la Commission chargé du pacte vert (Green Deal), qui était à la manœuvre. « Cette PAC a été révisée en quelques semaines grâce à votre mobilisation », a-t-elle fait remarquer. Puis Anne Sander a appelé à être vigilant pour garder un caractère commun pour la prochaine PAC, qui sera marquée par l’élargissement. « La vraie question sera l’Ukraine. »

Ce pays pèse déjà sur les marchés agricoles. Le directeur général de la CGB, Nicolas Rialland s’est félicité du contingentement annuel de 260 000 t de sucre obtenues pour 2024. « C’est une victoire politique et syndicale, a-t-il indiqué. Quand on a la volonté on peut y arriver. »

Le directeur général de la CGB a aussi fustigé les distorsions de concurrence. « Le cadre réglementaire européen devrait être le même pour tout le monde ». Or la loi française biodiversité de 2016, puis celle de 2018 interdisent tous les néonicotinoïdes. Deux molécules restent autorisées dans les pays européens : l’acétamipride (Belgique, Espagne, Allemagne, Pologne, Suède, Royaume Uni et Suisse) et le flupyradifurone (en République tchèque, Croatie, en Hongrie, Autriche, Roumanie, Espagne et en Slovaquie).

« Le gouvernement n’a pas corrigé les choses, car il s’abritait derrière un possible avis négatif de l’Efsa sur l’acétamipride, qui aurait pu déboucher sur une interdiction en Europe, alors qu’elle est aujourd’hui autorisée jusqu’en 2033. La bonne nouvelle, c’est qu’il n’est écrit nulle part dans l’avis de l’Efsa du 15 mai que la molécule doit être interdite rapidement. L’argument du gouvernement ne tient plus. »

Guillaume Wullens déplore devoir aujourd’hui faire jusqu’à 6 passages d’insecticide pour contrôler les pucerons, contre un seul auparavant avec les néonicotinoïdes. « Nous voulons pousser de nouvelles solutions avec l’ITB et pouvoir aussi utiliser les nouvelles techniques génomiques (NGT) ». Le syndicat avait invité Romain Volpoet, responsable commercial de KWS, pour parler de progrès génétiques permis par ces nouvelles techniques. Le semencier a notamment exposé les difficultés à proposer des solutions contre tous les ravageurs et toutes les maladies en même temps, surtout quand la législation devient de plus en plus contraignante.

« Malgré un travail acharné, on n’a pas encore de moyens 100 % efficaces contre la jaunisse. Et Guillaume Wullens de résumer : On est souvent décriés comme pro-pesticides, moi je dis qu’on est pro-solutions. »

À lire aussi :

– CGB Eure : Des bons résultats économiques

– CGB Alsace : Une rentabilité retrouvée

– CGB Somme : Pluie, gel, dégel et réactivité maximale

REPÈRES

Nord Pas-de-Calais

56 800 ha de betteraves

4 600 planteurs