« Je crois fermement que la betterave a de l’avenir en France, en Normandie et dans l’Eure », a déclaré Alexandre Quillet, qui présidait sa dernière assemblée générale au niveau de son département, le 23 mai dernier au Neubourg. Alexandre Quillet a précisé qu’il avait participé à 43 assemblées générales de l’Eure, dont 30 en tant que président. « Ce n’était pas mieux avant. Avec les évolutions techniques à venir et un bon contrat de betterave, je reste confiant pour l’avenir », a poursuivi le président du syndicat betteravier.

De fait, les résultats économiques sont bons depuis deux ans. Pour les betteraves 2023, la bonne tenue du marché du sucre devrait pouvoir valoriser des betteraves à 55 €/t pour un industriel qui exporte du sucre sur le marché mondial et qui s’est diversifié sur une production d’éthanol. Ce chiffre annoncé l’année dernière par la CGB devrait se confirmer. Mais cela ne veut pas dire que les planteurs toucheront effectivement cette somme, puisque chaque sucrier aura une distribution du résultat propre à sa stratégie : selon son désendettement ou encore des mises en réserve par exemple.

Benoît Carton, directeur régional CGB Normandie, ajoutait qu’un groupe sucrier ayant restructuré ses outils industriels permettant de se concentrer sur le marché européen et sans diversification dans la production d’éthanol (deux débouchés valorisant une betterave à un prix inférieur), pouvait présenter un prix moyen de la betterave supérieur de plus de 5 € la tonne et ainsi atteindre potentiellement un prix de betterave supérieur à 60 €/t. Pour les planteurs Saint Louis Sucre, le prix des betteraves 2023 sera arrêté au cours de la Commission de Répartition de la Valeur (CRV) de début juin.

Et pour les betteraves semées en 2024 ? Le marché mondial du sucre semble résister malgré une baisse significative depuis 6 mois, à ce stade du calendrier, et selon les experts des marchés, l’année pourrait être déficitaire au niveau mondial. « Nous sommes au tout début de commercialisation pour les sucres 2024-2025, mais les orientations de marchés donneraient une betterave autour de 40 €/t pour les groupes sucriers valorisant sur les marchés sucre/éthanol/export pays tiers ; et avec une plus value de 3 à 4 € la tonne pour les autres groupes sucriers 100 % sucre », a présenté Benoît Carton. On retrouve certes des cultures rémunératrices, mais les charges ont aussi augmenté ces dernières années (autour de 3 100 €/ha, contre 2 200 €/ha). Sur ces nouvelles bases, le coût de revient complet de la betterave pour un rendement moyen est passée à 35 €/t, contre 25 €/t sur la première décennie des années 2000.

Les impasses sont une réalité

Si les résultats économiques sont bons, le problème vient plutôt des moyens de production en betterave : « sur les 6 dernières années, 30 molécules ont été perdues pour protéger notre culture. Cela devient compliqué. Les impasses sont une réalité », a dénoncé le directeur général de la CGB, Nicolas Rialland.

Résultat : il y a des distorsions de concurrence par exemple avec le sucre ukrainien qui entre en masse dans l’UE. « 29 molécules interdites dans l’Union Européenne sont autorisées là-bas sur betteraves », a pointé Nicolas Rialland. Le directeur général la CGB se félicite cependant du contingentement des importations ukrainiennes à 260 000 t de sucre pour 2024, qui va alléger le bilan européen du sucre : « cela devrait se traduire par quelques euros de betteraves en plus. À force de pousser le dossier on obtient des résultats », a commenté Nicolas Rialland qui espère que le dossier de l’acétamipride se débloquera rapidement.

Pendant ce temps, la recherche d’alternative aux néonicotinoïdes se poursuit avec le PNRI-C (plan national de recherche et d’Innovation consolidation). Vincent Laudinat, directeur général de l’ITB, a présenté les orientations de ce plan pour combattre « le puceron vert et 4 virus ». Le combat est difficile quand on sait que le puceron a une capacité de reproduction assez exceptionnelle : « il se multiplie par parthénogenèse (multiplication asexuée). En condition optimale en laboratoire, un puceron donne naissance à 37 milliards en 70 jours ! ». Mais il y a aussi de bonnes nouvelles : le PNRI a notamment montré que le génome du virus BYV a une très faible variabilité, ce qui est très encourageant.

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REPERES

Eure

12 500 ha de betteraves

900 planteurs