C’est avec soulagement que l’interprofession betterave-sucre a pris connaissance de la décision du Conseil des ministres de l’Europe du 13 mai dernier, confirmant le compromis négocié en trilogue le 23 avril. Un compromis que la CGB avait qualifié à l’époque de « victoire pour la filière européenne du sucre ».

Alors que les importations de sucre en provenance d’Ukraine s’étaient emballées pour atteindre plus de 700 000 tonnes lors de la campagne 2023-2024, le dispositif de sauvegarde automatique limite les volumes annuels de sucre à environ 260 000 tonnes pour l’année 2024. Ce chiffre est provisoire, puisqu’il est basé sur l’estimation de la moyenne mensuelle des flux entre juin 2021 et décembre 2023.

L’Union européenne prend ainsi la mesure des risques de la libéralisation temporaire des échanges avec l’Ukraine en renforçant la protection de ses produits agricoles les plus sensibles, dont le sucre. Pour rappel, avant la guerre, l’Union européenne n’autorisait l’importation que de 20 000 tonnes de sucre ukrainien par an. La libéralisation des échanges, décidée à l’été 2022 pour soutenir l’Ukraine dans son effort de guerre, avait conduit à multiplier ce flux par 20 durant la campagne sucrière 2022-2023 (420 000 tonnes de sucre), puis à quasiment encore doubler en 2023-2024 (plus de 700 000 tonnes).

La mise en place de ce dispositif de sauvegarde, qualifié d’équilibré, est « le fruit des efforts actifs et conjoints de tous les membres de l’interprofession et des multiples échanges intervenus ces derniers mois avec la Commission européenne, les représentants du gouvernement français et les élus du Parlement européen, salue l’Association interprofessionnelle de la betterave et du sucre (AIBS). Le rôle de la France dans les dernières étapes de l’arbitrage inter-institutionnel européen a été déterminant et montre que nos enjeux de souveraineté, parce qu’ils ont été portés par l’ensemble de l’interprofession, ont été entendus et compris au plus haut niveau. »

Le président de l’AIBS, Alain Carré, rappelle néanmoins « l’attachement de l’interprofession à une solution permettant de témoigner notre solidarité à l’égard de l’Ukraine dans des termes raisonnables et équilibrés. »

Pour l’interprofession betterave-sucre, il importe cependant de rester extrêmement attentifs au risque d’importations au-delà du seuil fixé, en activant si nécessaire les mesures de sauvegarde dès l’entrée en vigueur de ce règlement. Et puis la même vigilance sera requise dans la nouvelle étape qui s’ouvre à présent, relative à la renégociation, par l’Union européenne, de son accord d’association avec l’Ukraine pour l’après 2025.