Sur la première quinzaine, la quantité de canne transformée dans la principale région cannière du Brésil (le Centre-Sud) a été de 15 % supérieure à la situation de l’an passé. Coup de chaud ou mouvement durable ? Bien difficile de répondre : si les surfaces du pays ont progressé (jusqu’à + 4 % si on écoute l’agence officielle du Brésil, la Conab), les rendements restent, à date, difficiles à évaluer.

Les spéculateurs semblent anticiper une campagne abondante : ils augmentent, de semaine en semaine, leurs positions à la vente. À la mi-mai, ils sont ainsi vendeurs nets de plus de 2,2 millions de tonnes : un record que l’on n’avait pas vu depuis 2020.

Pourtant, le sucre brut résiste remarquablement bien : il reste au-delà de 19 cts/lb, ce qui est une vraie prouesse compte tenu de ces positions spéculatives. Le sucre raffiné s’en sort encore mieux : la prime de blanc (la différence entre la valeur du sucre brut et celle du sucre raffiné) dépasse les 140 $/t, soit 40 % de plus que sa moyenne quinquennale ! La demande semble donc se tenir, en ce qui concerne le sucre directement consommable ; d’autant que les disponibilités indiennes ne devraient arriver que dans 6 mois.

Car, même si les opérateurs indiens tentent d’obtenir du gouvernement l’ouverture de contingents d’exportations de sucre sur la campagne en cours, jusqu’à présent, cela n’aboutit pas : New Delhi refuse de tendre davantage son bilan domestique, qui devrait conduire à des stocks historiquement bas en fin de campagne.

Plus que jamais donc, les yeux sont rivés sur les résultats de cette surprenante campagne brésilienne qui ouvre, car c’est d’elle dont dépendra le bilan mondial de la campagne mondiale d’octobre 2024 à septembre 2025, que certains analystes commencent à anticiper en surplus. C’est le cas de Global Data, qui a été l’un des premiers à publier, mi-mai, un chiffre : autour de + 1,4 Mt. Tout en mettant en garde : attention à la météo d’ici là !

Du côté européen, la Commission européenne vient de rendre public le prix du sucre livré en mars dernier, à 856 €/t sortie sucrerie, soit une relative stabilité depuis novembre dernier. Il faut dire que la plus grosse partie des volumes a fait l’objet d’une contractualisation l’été dernier : moins de 3 % des volumes, selon la Commission européenne, sont achetés sur le marché spot. Un marché spot qui, après plusieurs semaines de baisse, semble avoir trouvé un nouvel équilibre, depuis l’annonce des retards de semis et la baisse des disponibilités ukrainiennes sur la campagne 2024-2025.

Timothé Masson, CGB

Un vrai yoyo sur le marché mondial : les spéculateurs ont beau tirer le marché vers le bas comme jamais, il résiste remarquablement bien !

L’éthanol, en Europe, continue sa petite tendance haussière pour atteindre les 68 €/hl sur les termes proches.