Quel projet agricole proposez-vous pour les 5 ans à venir ?
La PAC doit cesser de porter un objectif de décroissance et revenir sur son objectif originel qui consiste à nourrir les Français et les Européens. Elle doit cesser de s’éparpiller et se focaliser au contraire sur les points fondamentaux : assurer la souveraineté alimentaire de l’Europe par la production ; assurer un niveau de vie équitable et décent à chaque agriculteur ; stabiliser les marchés agricoles ; valoriser l’innovation ; entretenir nos paysages et soutenir la ruralité.
Quelles sont vos positions sur la prochaine PAC ?
Nous voulons augmenter le budget de la PAC, notamment les aides directes à nos agriculteurs. Le maintien d’une forte production agricole sur le sol français et européen est une condition nécessaire à notre souveraineté alimentaire. Le gouvernement d’Emmanuel Macron n’a visiblement pas pris la mesure de ce défi en ne se battant que trop peu et trop tard pour défendre le budget de la PAC qui, en 20 ans, aura baissé de 30 % en euros constants, alors que le budget agricole de la Chine et des États-Unis ne fait qu’augmenter.
Il faut donc augmenter le budget de la prochaine politique agricole commune, en tenant compte de l’inflation, grâce à un redéploiement de nombreuses dépenses européennes inutiles comme certains fonds européens de cohésion qui n’ont pas fait la preuve de leur efficacité.
Nous voulons consacrer davantage de fonds du second pilier de la PAC à la recherche et à l’innovation publiques pour développer des alternatives aux pesticides et aux produits phytosanitaires, notamment le glyphosate, et favoriser les nouvelles techniques génomiques (NGT).
Comment voyez-vous évoluer le pacte vert ?
Il faut abroger les textes européens qui nuisent à nos agriculteurs en prônant la décroissance. Nous demanderons l’abrogation des dispositions du Pacte vert européen qui favorisent la décroissance agricole (la stratégie De la ferme à la table) adoptées grâce aux partisans de Monsieur Macron et auxquelles les députés Républicains au Parlement européen se sont fermement opposés. Nous proposons un moratoire sur toute nouvelle norme pour la prochaine mandature, notamment pour le secteur agricole.
Quelle doit être, selon vous, la stratégie phytosanitaire européenne ?
Les budgets alloués à la recherche et à l’innovation publiques (qui dépendent du second pilier de la politique agricole commune) sont faibles et les États membres ont seulement consacré entre 2 et 6 % du second pilier de la PAC à ces aspects. Les politiques publiques de recherche doivent privilégier les sujets de recherche qui ne sont pas couverts par les budgets considérables de recherche et de développement (R&D) privés des grandes entreprises internationales. L’accent doit être mis sur le développement rapide d’alternatives au glyphosate. Nous défendons le principe « pas d’interdiction sans solution et sans accompagnement » pour nos agriculteurs, mais il revient à l’Europe et aux États membres d’aider au développement de ces solutions.
Quelle est la position des Républicains vis-à-vis des techniques de sélection génomique (NGT) ?
L’Europe doit rester à la pointe de la recherche en ce qui concerne les NGT qui offrent de grandes perspectives dans le domaine de la sélection des variétés de plantes cultivées, en lien avec la nécessaire adaptation au changement climatique. Contrairement aux OGM, les organismes issus des NTG ont subi une modification génétique sans introduction de gènes extérieurs dans leur génome, tout en leur conférant de nouvelles caractéristiques.
Comment peut-on protéger notre agriculture vis-à-vis des importations, notamment celles venues d’Ukraine ?
Nous souhaitons exiger des clauses miroirs dans les accords de libre-échange et garantir leur application effective. Nous ne devons donc plus accepter l’entrée sur le territoire de l’Union européenne de produits agricoles qui ne correspondent pas aux mêmes standards environnementaux que ceux de l’Union européenne ou les taxer très fortement pour rétablir une concurrence loyale entre les agriculteurs français et européens et les agriculteurs des États tiers. Aucun nouvel accord commercial ne devrait être signé s’il met en péril les intérêts agricoles de l’Union et de la France et nous demandons une revue générale de tous les accords existants. Par ailleurs, les clauses miroirs doivent être accompagnées de clauses de sauvegarde et de contrôles stricts aux frontières : si les règles ne sont pas respectées par nos partenaires commerciaux, il doit y avoir une possibilité de suspension immédiate de l’application de ces accords commerciaux.
Nous proposons de mettre en place des clauses de sauvegarde pour que l’accès des produits agricoles ukrainiens au marché intérieur européen ne se fasse pas dans n’importe quelles conditions.
Comment peut-on favoriser la compétitivité de notre agriculture ?
La question de la compétitivité de notre agriculture est européenne et nationale.
Pour améliorer notre compétitivité, il convient de « faire la chasse » aux surtranspositions dans le domaine agricole, qui procède souvent de la faiblesse du gouvernement face aux lobbies. Nous pourrions développer des algorithmes pour que l’intelligence artificielle vienne nous aider à lutter contre ce fléau. Toute surtransposition devrait être systématiquement signalée aux parlementaires afin que ceux-ci puissent refuser de les voter.
Les propositions nationales des Républicains en matière d’agriculture et de pêche sont très claires : elles se trouvent notamment dans la proposition de loi tendant à répondre à la crise agricole déposée au mois de janvier 2024 à l’initiative de notre sénateur Laurent Duplomb ainsi que dans le Livre blanc sur l’agriculture proposé par nos députés. Nous souhaitons assurer une juste rémunération à nos agriculteurs qui souhaitent vivre dignement du produit de leur travail, les protéger contre l’agribashing (en alourdissant notamment les sanctions pénales contre les personnes qui s’en prennent aux exploitations), favoriser la compétitivité (baisse des charges et réduction du fardeau des normes), favoriser la transmission des exploitations par une suppression de toute fiscalité sur les donations et les successions lorsque le capital de l’exploitation reste dans le patrimoine familial, et protéger nos agriculteurs de la concurrence déloyale.