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Aujourd’hui, le Superéthanol E85 contient environ 25 % d’essence fossile. En effet, selon Sylvain Demoures, le secrétaire général de Bioéthanol France (ex-SNPAA) il n’est pas possible de faire rouler un véhicule avec un carburant composé de 100 % de bioéthanol en Europe, en raison du manque de volatilité de l’éthanol sous notre climat. Mais demain, un carburant E85 100 % renouvelable (avec une essence renouvelable pour remplacer les 25 % d’essence fossile) sera non seulement possible mais surtout au moins aussi écologique que le 100 % électrique. C’est ce qui ressort d’une étude menée par Bioéthanol France et l’IFP énergies nouvelles (Ifpen).
Pour rappel, une étude de l’Ifpen de 2022 montrait déjà que les véhicules hybrides rechargeables fonctionnant avec un superéthanol-E85 classique et les véhicules 100 % électriques affichent des performances environnementales équivalentes en matière d’émissions totales de gaz à effet serre. Cette étude analysait bien entendu les émissions de l’ensemble du cycle de vie de la voiture et pas seulement les émissions au pot d’échappement. Elle prévoyait aussi qu’un véhicule hybride rechargeable alimenté avec un Superéthanol-E85 100 % renouvelable rejetterait encore moins de gaz à effet de serre (GES) qu’un véhicule 100 % électrique en 2040. Aujourd’hui, l’E85 100% renouvelable permettrait déjà de réduire les émissions de CO2 de 70 % par rapport à l’essence fossile, contre 50 % pour l’E85 commercial.
Les GES, mais aussi les autres polluants
En 2024, l’Ifpen a testé 3 carburants 100 % renouvelables sur un banc d’essai : 2 essences issues de la transformation de la biomasse (une bioessence et un dérivé de l’éthanol, et un e-fuel ou carburant synthétique) dont l’énergie provient de l’électricité (via l’électrolyse de l’eau) et du CO2. L’objectif était maintenant de mesurer leurs émissions en particules fines, en oxyde d’azote, en monoxyde de carbone et en hydrocarbure imbrûlés, les 4 principaux polluants du SP95. Résultats : ces émissions sont au moins 80 % inférieures aux limites fixées par la réglementation (Euro 7), voire encore moins pour les oxydes d’azote et les particules fines.
« Face aux inquiétudes sur le 100 % électrique et en synergie avec les besoins de mobilité dans les différents secteurs (aviation, maritime, routier), le Superéthanol E85 100 % renouvelable est une solution complémentaire pour se passer totalement d’essence fossile dans les nouveaux véhicules après 2035 », affirme Bioéthanol France. La balle est maintenant dans le camp des pouvoirs publics.
Un enjeu de définition
« On démontre aujourd’hui qu’un carburant E85 100 % renouvelable se qualifie pour la définition des carburants neutres en carbone, qui inclut le mélange de carburant de synthèse et de biocarburant comme le bioéthanol », explique Nicolas Kurtsoglou, responsable carburant de Bioéthanol France.
En effet, l’avenir du bioéthanol de betterave et de céréales est suspendu à son inclusion dans la définition des carburants dits « neutres en carbone » qui sera adoptée au niveau européen et utilisée pour réglementer la vente de véhicule léger neuf après 2035.
L’Italie, la Pologne, la Bulgarie, la Roumanie, la République tchèque, la Slovaquie, la Finlande et la Hongrie souhaitent que la réglementation intègre les biocarburants aux côtés des carburants de synthèse et de l’électrique, mais l’Allemagne n’est pas de cet avis et voudrait la restreindre aux seuls carburants de synthèse. Les discussions sur ce sujet reprendront à l’automne 2024 quand la nouvelle Commission européenne sera en place, explique Nicolas Kurtsoglou, alors que le syndicat des producteurs d’alcool agricole appelle la France à soutenir l’intégration des biocarburants.
Optimiser les synergies
Selon Bioéthanol France, s’il est indéniable que la propulsion électrique prend tout son sens pour certains usages urbains et autres trajets courts, l’étude de l’Ifpen de 2022 démontre qu’un véhicule 100 % électrique est handicapé par son poids lié à la taille de ces batteries. L’hybridation optimale, testée dans le cadre de cette étude, permet de répondre aux usages urbains via des batteries adaptées (50 à 80 km d’autonomie), couplées à un moteur thermique, fonctionnant avec un carburant 100 % renouvelable, aux performances environnementales excellentes.