« Mes parcelles contiennent des zones de limons argileux ou sableux, voire d’argile noire, explique David Baillet, chef de culture dans l’Aube. L’idée est donc venue de moduler la densité de semis des betteraves en tenant compte de cette hétérogénéité ». Ainsi, il réduit de 30 % la dose de semis dans les zones très argileuses, soit 80 000 graines/ha contre 115 000 graines/ha dans les autres situations, ce qui représente une économie de 60 euros/ha.
Cartographier puis moduler
Equipé d’un semoir Väderstad Tempo, David Baillet a pu mettre en application la technique sans trop de contraintes. Il a créé lui-même ses propres cartographies parcellaires en identifiant chaque typologie de sol.
« Jusqu’ici, aucun organisme technique ne pouvait me fournir une carte de modulation de dose de semis qui corresponde à l’hétérogénéité de mes parcelles, explique-t-il. Les algorithmes actuels ne sont pas adaptés pour cartographier avec précision de si fortes disparités de terrain ».
À ce jour, quelle que soit la densité semée, il n’a observé aucune différence de rendement des betteraves. « Il reste correct y compris dans les zones argileuses où la densité de semis est plus faible, précise-t-il. Cependant, il demeure difficile de mesurer précisément la productivité par zone. Ce ne sont que des observations visuelles ».
Le gain économique dépend de plusieurs leviers
David Baillet convient que cette pratique reste coûteuse en temps et en énergie et qu’elle représente une prise de risque. « Il serait utopique de croire que la modulation de densité de semis permette de réaliser des économies dans l’immédiat, souligne-t-il. C’est un travail auquel il faut croire mais qui s’inscrit sur le long terme ».
Il précise également que la densité de semis, au même titre que la structure du sol ou la fertilisation, fait partie d’une combinaison de leviers agronomiques et qu’il est difficile d’isoler chaque paramètre pour en mesurer l’impact direct. « En revanche, je constate que la modulation de la densité n’apporte rien si un paramètre agronomique est défaillant dans le système ».
Il insiste également sur l’intérêt de rééquilibrer le sol. Pour ce faire, depuis 10 ans, il module sa fertilisation de fond zone par zone. « Ce rééquilibrage est long. J’observe seulement maintenant des évolutions positives sur la disponibilité des éléments et une amélioration de la structure, indique-t-il. Un sol bien structuré et fertile est plus résistant aux coups de sec de l’été.
Dans ces conditions, le risque de moduler la dose de semis est moins important. La culture est plus à même de réaliser son potentiel même à une plus faible densité de semis. Ce rééquilibrage est, à mon sens, une condition sine qua non pour espérer un gain économique tangible. »
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