Notre métier est par essence soumis aux aléas de la météo. L’année 2024 ne fait pas exception et les conditions climatiques des dernières semaines nous imposent des semis tardifs. À la mi-avril, on estime que 70 % des surfaces betteravières sont semées, à l’échelle nationale. Ce retard de 15 jours par rapport à la moyenne des cinq dernières années pourrait entamer le potentiel de rendement des betteraves 2024.
Mais le risque majeur est ailleurs cette année. C’est celui du puceron et de la jaunisse. Car les pucerons, eux, sont en avance. Ils sont déjà présents en nombre élevé dans les premières parcelles semées, où les betteraves sortent à peine de terre.
Je le redis ici ; il est essentiel que chaque betteravier mette tout d’abord en œuvre les mesures de destruction des réservoirs viraux connus : parcelles non récoltées, cordons de déterrage, repousses de betteraves dans les céréales.
Au-delà de ces actions préventives, nous restons totalement démunis pour lutter contre ce fléau : le Teppeki et le Movento ne sont applicables qu’au stade deux feuilles, avec une efficacité très relative car les plantules reçoivent une dose limitée de produit.
Cette situation nous renvoie avec angoisse à l’année 2020. Ce n’est pourtant pas faute d’alerter le Gouvernement et les responsables politiques depuis des mois !
Madame Pannier-Runacher, ministre déléguée à l’Agriculture, a récemment annoncé que trois passages de Movento seraient autorisés sur betterave, et même cinq si la situation sanitaire le justifie.
La CGB a immédiatement réagi à cette annonce : ce n’est pas la réponse attendue par les betteraviers ! La demande que nous portons depuis des mois est de pouvoir utiliser les mêmes produits de protection – acétamipride et flupyradifurone – que ceux utilisés par nos voisins européens, dont certains sont pourtant moins exposés à la jaunisse que nous.
De nombreux parlementaires, tous groupes politiques confondus, l’ont bien compris et ont déjà relayé cette demande de différentes manières. Nous les en remercions mais, hélas, rien ne bouge.
Faut-il attendre une nouvelle catastrophe pour notre filière et toutes les autres productions concernées pour enfin changer la loi et en finir avec cette incompréhensible distorsion de concurrence ?
Pour nous tous et nos filières (betterave sucrière, fruits et légumes, plants de pommes de terre, semences, noisettes, etc.) qui contribuons à la souveraineté alimentaire de notre pays, il n’est pas acceptable de payer le prix fort et les pots cassés d’une prétendue exemplarité environnementale française qui nous conduit dans le mur, au profit d’importations.
Le Gouvernement doit donc enfin prendre ses responsabilités pour apporter une réponse forte, à la hauteur de nos enjeux.