Le risque de guerre entre Israël et l’Iran, qui a attaqué pour la première fois l’Etat hébreu avec des missiles et des drones, a entraîné aussitôt une hausse des prix du pétrole à près de 100 dollars le baril, les marchés craignant une riposte et un embrasement qui conduirait à une baisse de la production. Les huiles de colza, de tournesol ou de palme ont emboîté le pas du pétrole, et les graines de colza ont suivi. Sur le marché physique FOB Moselle, le colza a atteint son cours le plus haut de l’année, à 460 €/t.
Sur Euronext, le marché à terme s’inscrit dans la tendance, les échéances jusqu’en mai 2025 se fixant entre 460 €/t et 470 €/t. L’écart de prix entre les marchés physiques et les marchés à terme n’a jamais été aussi faible, ce qui traduit un certain calme des traders qui ne voient pas de flambée des cours dans les mois à venir. Le prix reste toutefois soutenu et rémunérateur pour les producteurs. Pour la première fois, le prix de la récolte 2024 sur le marché physique FOB Moselle s’affiche à 461 €/t, dans la ligne de la récolte 2023.
La production de colza en France cet été devrait d’ailleurs être à peu près similaire à celle de l’an dernier, la surface semée atteignant 1,33 Mha, selon les derniers chiffres d’Agreste au 1er avril, soit plus de 4,5 Mt. La production européenne s’établirait, avec 6,2 Mha, entre 21 et 22 Mt, dans la ligne des récoltes précédentes. La France devrait rester en tête des producteurs européens devant l’Allemagne et la Pologne, qui ont semé un peu plus d’un million d’hectares chacune.
Au niveau mondial, la récolte de canola au Canada devrait être un peu plus faible à 18,7 Mt, selon StatCan, en raison de la sécheresse. Les prix ont augmenté d’environ 5 % sur un mois selon les cotations de Winnipeg. L’Australie, à l’inverse, s’oriente vers une récolte de 6,5 Mt, en hausse de 14 %, et enfin l’Ukraine ne cesse d’affermir sa présence sur le marché, avec une récolte attendue de plus de 4 Mt. Malgré la guerre, le pays a transformé plus d’un million de tonnes, et exporte huiles et tourteaux de colza. La production mondiale de colza va donc augmenter, mais la demande est forte, et les prix devraient rester soutenus.
La hausse du pétrole a moins d’effet sur les cours du soja à Chicago, qui restent autour de 425 USD/t. Le dernier rapport de l’USDA indique des échanges plus faibles et des stocks qui s’accumulent, notamment aux États-Unis. La Chine restreint ses achats en augmentant sa propre production, ou en profitant de volumes auprès de son allié russe, dont la production s’accroît en soja comme en colza. Enfin, il y a une incertitude concernant la production de soja au Brésil. L’USDA s’accroche à ses prévisions de récolte de 155 Mt, quand le négoce local estime la récolte à venir plus proche de 145 Mt. Ce qui peut faire varier sensiblement les cours…