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« Il faut arrêter les surtranspositions françaises »

Béatrice Moreau, vice-présidente de la région Grand Est, déléguée à l’Agriculture, la Viticulture et la Forêt

Faut-il sacraliser l’animal ?
©Région Grand Est

Avec mes collègues des 4 autres régions betteravières invitées, nous avons rappelé notre soutien à la filière betterave-sucre. Nous avons dit qu’il faut arrêter les surtranspositions françaises, qui mettent en situation de distorsion de concurrence la filière betterave vis-à-vis des autres pays européens. Je pense notamment à l’enrobage des semences avec la flupyradifurone. On a alerté le ministre pour garder des solutions en enrobage de semences. D’autant plus que la protection de la betterave n’est pas assurée dans les années à venir, puisque Bayer n’a pas demandé le renouvellement du Movento après sa date d’expiration en 2025.

Nous avons alerté aussi sur le contingentement immédiat et nécessaire des importations massives de sucre en provenance de l’Ukraine.

Le troisième point concerne la politique de gestion des risques. Aujourd’hui, il n’y a pas vraiment de politique à côté de l’assurance récolte et du FMSE (Fonds national agricole de mutualisation du risque sanitaire et environnemental). Il existe pourtant l’Instrument de Stabilisation du Revenu (ISR). La région Grand Est est une des deux régions à l’avoir inscrit dans notre maquette Feader et nous allons enclencher une expérimentation avec l’Association recherche technique betteravière (ARTB). J’estime que son déploiement doit se faire au niveau national, et donc qu’il relève de la responsabilité de l’État. Sinon, il y aura des distorsions sur le territoire français et les opérateurs ne suivront pas.

« Nous n’avons pas eu de réponses satisfaisantes »

Valérie Lacroute, vice-présidente de la région Île-de-France, chargée de l’Agriculture et de l’Alimentation

Faut-il sacraliser l’animal ?
©Région Île-de-France

Mes collègues et moi avons alerté le ministre sur deux points cruciaux pour la filière betterave, mais nous n’avons pas eu de réponse satisfaisante.

Le premier point concerne les importations massives de sucre venues d’Ukraine depuis le début de la guerre. Il faut un contingentement immédiat. J’ai bien compris que le ministre a alerté la Commission européenne, mais il ne nous a pas rassurés sur la période de référence qui sera prise. Or, de grands volumes de sucre vont arriver jusqu’au printemps ; cela va mettre notre industrie sucrière en difficulté.

Le deuxième point concerne une décision française, qui concerne les surtranspositions en matière de produits phytosanitaires. Le ministre botte en touche, il renvoie le dossier sur l’Europe qui devrait prendre dans le futur des mesures concernant la flupyradifurone en traitement de semences. En attendant, les agriculteurs français n’ont pas accès à des produits utilisés dans d’autres pays européens. Nous lui avons rappelé que Gabriel Attal a déclaré qu’il ne faut « pas laisser notre agriculture à la merci de la concurrence déloyale ». Mais nous n’avons pas eu de réponse concrète de la part de Marc Fesneau au sujet des surtranspositions.

Le troisième point – la mise en place d’une politique de gestion des risques – a été abordé par le ministre. Là aussi, il a botté en touche en renvoyant l’Instrument de Stabilisation du Revenu (ISR) sur les régions. Selon nous, son déploiement relève plutôt de la responsabilité de l’État, même si les régions peuvent abonder le financement.
Avec mes collègues des régions Grand Est, Hauts-de-France et Normandie, nous allons refaire un point dans les jours qui viennent pour communiquer ensemble sur ces sujets-là.