Souvenons-nous : à la fin de l’automne, les fonds financiers pariaient largement à la hausse et se montraient acheteurs nets plus de 6 Mt de sucre… En moins de 5 semaines, observant les succès de la campagne brésilienne et les moindres utilisations en éthanol de l’Inde, ces fonds, souvent qualifiés de « spéculateurs », ont eu une vision diamétralement opposée : ils ont terminé l’année à l’équilibre, voire légèrement vendeurs !
Depuis, les choses semblent s’apaiser. D’une part, la fin d’année fiscale est passée et les fonds osent se montrer plus offensifs sur les commodités. Ensuite, les prévisions de surplus mondial sur la campagne en cours, telles que diffusées par S&P, semblent finalement un peu trop optimistes : 4,4 Mt, n’est-ce pas exagéré ? Czarnikow, de son côté, a publié début janvier ses nouvelles estimations : il revoit lui aussi ses estimations, mais de manière bien plus mesurée (+1,6 Mt). Il va même plus loin, en anticipant déjà un déficit l’an prochain, du fait de l’impact d’El Niño.
D’ailleurs, les cours commencent à se reprendre. On se rapproche à nouveau des 22 cts/lb et – plus intéressant – la chute historique à laquelle on a assisté s’est finalement arrêtée à un niveau qui reste très élevé… En effet, même avec des spéculateurs qui ont littéralement lâché le marché, le sucre brut s’est maintenu au-delà des 20 cts/lb, une valeur plutôt forte et une belle leçon à retenir de ce refroidissement hivernal !
Du côté européen, les choses semblent s’assagir. Après une nette baisse du sucre sur le marché spot, il semble se stabiliser autour des 800 €/t partout en Europe, selon S&P. Ici aussi, soulignons que l’on vient de très loin, et que le plateau atteint, à 800 €/t, reste une valeur robuste. Le principal moteur de cette baisse vient évidemment d’Ukraine, dont les importations pèsent d’ores et déjà sur les prix. On note d’ailleurs que ce sucre ukrainien agit, pour l’instant, principalement sur les zones déficitaires et, notamment, en Italie. Mais l’histoire est loin d’être terminée, et c’est du côté politique que l’on doit désormais regarder si l’on veut anticiper son évolution… Le Commissaire européen à l’agriculture, le Polonais Janusz Wojciechowski a fait savoir, dans la presse polonaise, sa volonté de limiter les importations de sucre et de volaille ; parviendra-t-il à se faire entendre par ses collègues ?