Si les Français apprécient la baisse des prix de l’essence et du diesel à la pompe, ce mouvement n’est en revanche pas bien favorable au cours du colza, du tournesol ou du soja, car il provoque aussi la baisse de prix des biocarburants, un débouché qui pèse la moitié du volume de production. Du coup, sur les marchés physiques Fob Moselle et Rendu Rouen, la tonne de colza s’affiche à 427 €, soit dix euros de moins en une semaine. Sur Euronext, les cours du colza se maintiennent tout juste entre 430 et 445 € pour les quatre échéances de 2024 et la première échéance de 2025, une fourchette plutôt basse.
Mais cette baisse pourrait ne pas durer. La crise au Proche-Orient, avec une guerre qui s’étend sur le couloir de navigation de la mer Rouge peut faire à nouveau grimper les cours du pétrole. L’incertitude est mère de volatilité. Il faut aussi relativiser : le facteur pétrole n’est pas le seul à orienter les cours, loin de là. Il faut aussi tenir compte de l’offre, de la demande, des stocks.
Or, l’offre mondiale de colza est très abondante, à 85 Mt en 2023 selon l’USDA (ministère américain de l’Agriculture), soit une hausse de 4 % par rapport à la récolte précédente et de 12 % par rapport à la moyenne quinquennale. Mais la demande est également très forte, à 85 Mt, et les stocks sont très bas, à peine 5 Mt, ce qui peut expliquer que les prix peuvent rapidement flamber en cas de tension sur la demande. L’Europe reste le premier producteur mondial à plus de 20 Mt, suivi du Canada à 19 Mt, avec un fort potentiel d’exportation d’environ 10 Mt, principalement à destination de l’Europe. Il faut y ajouter la production australienne de 5 à 6 Mt, plombée par un déficit hydrique, et la production ukrainienne, estimée à 4 Mt, destinée surtout au marché européen.
Dans ce concert, la France tire bien son épingle du jeu et les producteurs semblent faire confiance au colza en tant que débouché économique solide. D’ailleurs, selon la dernière publication d’Agreste, la surface semée pour la récolte 2024 est en hausse de 0,5 % à 1 354 Mha, soit une augmentation de 17,4 % par rapport à la moyenne quinquennale. Aucune autre culture ne rivalise sur le niveau de hausse du colza. Si le rendement est au rendez-vous, la production devrait atteindre près de 5 Mt en 2024. On ne sait évidemment rien de la sole de tournesol à venir en 2024, mais la dernière récolte de 2,1 Mt affiche une hausse de 19,5 % par rapport à 2022 et de 36,9 % par rapport à la moyenne 2018-2022, en lien avec des surfaces élevées (0,83 Mha) et un bon rendement. La France reste en revanche timide côté soja, avec 390 000 tonnes récoltées l’an dernier. Mais globalement, la culture des oléagineux bénéficie d’un environnement porteur, qui laisse présager de bonnes perspectives en 2024.
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