Alors que ceux que l’on appelle traditionnellement les « opérateurs non-commerciaux » étaient acheteurs-nets de sucre de plus 7 Mt en septembre dernier, ils sont désormais quasiment à l’équilibre. Ces fonds financiers, qui sont actifs sur les marchés des commodités agricoles à des fins de spéculation, ont probablement suivi les analyses de S&P, qui vient de réviser son bilan mondial sucrier : il anticipe désormais un surplus de 4,4 Mt, alors que l’on prévoyait jusqu’à présent une cinquième campagne déficitaire.
En cause : les bonnes annonces de la campagne brésilienne, dont la récolte se révèle être exceptionnelle, et l’interdiction faite aux sucreries indiennes de transformer leurs jus-verts de canne en bioéthanol, afin d’éviter une pénurie sur leur marché domestique du sucre.
Résultat : en repassant sous les 21 cts/lb, le marché du sucre brut a effacé tous ses gains depuis mars dernier…
Du coup, soyons clairs, tout le monde se questionne ! La tendance va-t-elle se poursuivre – ou bien la correction est-elle exagérée, car avant tout spéculative ?
Attendons de voir : on se souvient qu’en fin d’année, il est fréquent que les spéculateurs recherchent un certain équilibre dans leurs positions, à la clôture de leurs comptes.
Par ailleurs, nombreux sont ceux à estimer peu probable de repasser durablement sous les 20 cts/lb : plusieurs pays déficitaires passeraient alors à l’achat, pour reconstruire leurs stocks qui restent à un niveau bas – au premier rang desquels la Chine.
Car ce coup de grand frais ne doit pas faire oublier qu’une réelle tension reste bien présente sur le marché mondial. Et en effet, tous ne partagent pas les chiffres bien optimistes de S&P : Czarnikow, par exemple, considère plus probable un simple équilibre mondial sur la campagne en cours (+0,2 Mt). Mentionnons aussi que, le 13 décembre dernier, l’agence américaine de la météo rappelait qu’El Niño est toujours là et qu’il devrait, en 2024, être « historiquement fort »…
Du côté européen, pour l’instant, aucun effet : le marché du spot reste autour de 800 €/t rendu utilisateur, aussi bien en Allemagne qu’en Italie, dans un contexte où les marchés de l’énergie accusent un sérieux correctif. Cela fait figure de bonne nouvelle lorsque l’on regarde le gaz, qui passe sous les 35 €/MWh, mais c’est bien moins réjouissant quand on observe que l’éthanol européen, plombé par les importations à bas coût, peine à se maintenir à 60 €/hl…
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