Toutes les plateformes d’essais jaunisse ont été contaminées, fin mai, au stade 4-6 feuilles des betteraves, avec des Myzus persicae, élevés au laboratoire de l’ITB du Griffon et porteurs des virus de la jaunisse grave BYV et de la jaunisse modérée.
Aucune variété commerciale n’est tolérante à la jaunisse
Le premier enseignement de ces essais est qu’il n’existe pas aujourd’hui de variété commerciale pouvant être qualifiée de tolérante à la jaunisse. Les 3 meilleures variétés tolérantes à la rhizomanie ont un rendement en sucre compris entre 77 et 85 %, lorsque l’on compare leur performance en conditions inoculées et non inoculées. Ce niveau peut atteindre 88 % pour les variétés tolérantes au nématode à kyste.
Les variétés les plus productives sont les plus performantes en présence de jaunisse
Les meilleures variétés tolérantes à la rhizomanie ont un rendement en sucre proche de 120 % des variétés témoins en présence de jaunisse, ce qui démontre que le progrès génétique existe. Il est de 110 % pour les variétés tolérantes au nématode. Ceci est la conséquence du choix des sélectionneurs de ne plus déposer de variétés sensibles à la jaunisse pour leur inscription au catalogue français, amenant ainsi un progrès continu au fil des années. Les résultats des essais jaunisse de cette année le confirment : ce sont les variétés les plus performantes en l’absence de jaunisse qui sont également les plus productives en sa présence.
Les recherches en cours
Le projet Yellows ResistBeet du PNRI a permis de mettre au point un protocole d’expérimentation efficace pour évaluer les tolérances variétales contre les différents virus de la jaunisse. Un nouveau test moléculaire pour détecter chaque virus en une seule réaction a également été développé.
1 000 hybrides proches du marché ont été évalués dans le projet Flavie par un collectif de semenciers. Les résultats ont montré que la tolérance aux différents virus est présente dans le matériel génétique des sélectionneurs mais que la tolérance à un virus n’entraine pas la tolérance à un autre virus.
Le projet Probeet a également mis en évidence qu’il existe une forte variabilité génétique face aux virus de la jaunisse. Cette variabilité est actuellement exploitée pour la construction des nouvelles variétés. Le projet a montré également que le caractère jaune des feuilles n’est pas un bon prédicteur de la tolérance aux virus.
Un dernier projet du PNRI visait à évaluer l’intérêt des mélanges variétaux pour mieux lutter contre la jaunisse (projet Egovar) : variété moins sensible à un virus associée à une variété moins sensible à un autre virus, variété tolérante en cours de développement associée à une variété élite… Différents mélanges ont été comparés aux variétés seules, afin de mesurer leur intérêt pour limiter la dispersion des virus au sein de la parcelle, et réduire ainsi l’impact de la jaunisse. Les progrès faits par les sélectionneurs dans la connaissance de leur matériel a permis de voir les premiers effets positifs des mélanges en 2023.
Des tests de choix entre deux variétés ont clairement montré que le puceron préfère s’installer et s’alimenter sur certaines variétés. Fort de cette expérience, le projet Agir va démarrer début 2024 : « Agir sur le comportement des pucerons pour réduire la transmission virale de la jaunisse de la betterave sucrière ». Travailler les variétés sous l’angle du comportement alimentaire du vecteur est un axe de recherche novateur, et présente l’avantage d’avoir un temps de recherche plus court que l’introduction de gènes de résistance. Des expérimentations seront conduites en condition contrôlée et au champ.
À partir de 2024, les variétés testées comprendront les semences issues des travaux du PNRI et passées par les inscriptions CTPS.