Les marchés se sont légèrement animés au mois de novembre, s’offrant un peu de volatilité après des semaines de stabilité, pour finir tout de même en hausse d’une quinzaine d’euros par tonne, en un mois, pour la graine de colza en Europe, et d’une vingtaine de dollars pour les cours du soja cotés à Chicago. Au fil des semaines, les producteurs engrangent donc des revenus conséquents avec les oléagineux, alors que d’autres céréales connaissent des tendances moins positives.
Pourtant, les dernières nouvelles ne plaident pas en faveur des hausses. L’équilibre mondial des oléagineux entre l’offre, la demande et les stocks est instable. L’offre franchit des sommets, avec une récolte de 400 Mt, du jamais vu. La récolte brésilienne avait pulvérisé l’an dernier le plafond de 150 Mt, et l’USDA, le ministère américain de l’Agriculture, prévoit une récolte de 163 Mt en 2024. L’Argentine retrouve aussi des couleurs avec un volume 50 Mt, qui s’ajoute au 110 à 120 Mt aux États-Unis. Résultat, les stocks finaux devraient grimper à 60 Mt.
En face, côté demande, la Chine, qui absorbe à elle seule un quart de la production mondiale de soja avec 100 Mt, réduit la voilure des importations. Les producteurs de porc chinois sont en crise, les prix sont en baisse, des cas de peste porcine détruisent des élevages, ils réduisent leur cheptel et donc les besoins en alimentation animale. Normalement, ces éléments concomitants sont de nature à faire baisser les cours. Il n’en est rien, au contraire, la tonne de soja à Chicago s’échangeait le 5 décembre à 480 $/t, soit 20 $ de plus qu’il y a un mois. Malgré les craintes sur la Chine, la demande mondiale reste à peu près stable.
Bien sûr, ces incertitudes qui planent sur les cours mondiaux provoquent aussi une certaine fébrilité sur les marchés européens. Mais le colza s’en tire bien. Le 5 décembre, le FOB Moselle affichait 437 € au compteur. Sur Euronext, les prix s’affichent à plus de 445 € pour les échéances de 2024 et à plus de 450 € pour 2025. Il y a donc encore de l’optimisme dans l’air.
Même la graine de tournesol, qui a connu un sérieux accès de faiblesse à 370 €/t vers le 20 novembre, a retrouvé un cours de 430 € début décembre. L’éventualité d’une offre à prix dégradés en provenance d’Ukraine nourrit les craintes, d’autant que les marges de trituration seraient devenues négatives. Les pays limitrophes de l’Ukraine ont mis en place des restrictions aux importations, pour éviter un effondrement des cours sur leurs marchés domestiques. Les producteurs européens vont sans doute suivre l’actualité de près, mais l’an dernier, la récolte de tournesol en France a été exceptionnelle, avec plus de 2,2 Mt récoltées, selon les derniers chiffres de France Agrimer, avec un niveau de cours rémunérateur.