En cette période de l’année, et alors que la situation semble à peu près claire chez les géants sucriers que sont l’Inde et le Brésil, le marché aime les annonces propices à créer de la volatilité. On parle alors de « weather market » : un marché qui répond un peu fortement aux différentes annonces qui pourraient modifier les équilibres prévus, à la baisse ou – plus généralement quand il s’agit de climat – à la hausse.
D’ordinaire, les informations d’ordre climatiques viennent de l’autre bout du globe. Un peu trop de mousson, ou un peu trop peu, et le marché s’emballe. Cette fois-ci, c’est d’Europe que les nouvelles haussières sont arrivées, et même du Nord de l’Europe, avec les inondations dans le Nord de la France, mais aussi aux Pays-Bas et en Belgique.
Le sucre brut a ainsi repris un mouvement haussier, et se rapproche à nouveau des 28 cts/lb alors qu’il avait tendance à s’assagir. Même son de cloche du côté du sucre raffiné, qui s’approche à nouveau des 750 $/t sur l’échéance de mars 2024.
Quant au sucre sur le marché européen, sa réactivité n’a rien à voir avec celui du marché mondial – et pour cause : il n’y a pas d’autres thermomètres pour le suivre que la valeur du sucre sur le marché spot, qui est communiqué par l’analyste S&P à partir de son ressenti du marché.
Pour le moment, et malgré cet environnement haussier, on reste sur une valeur proche des 850 €/t en sortie sucrerie française – contre 950 €/t il y a encore quelques semaines. Mais ici aussi, les évolutions s’apparentent à des perceptions différentes selon les analystes, à suivre dans la durée.
En effet, le nouveau sucre est disponible, ainsi que celui en provenance d’Ukraine et ce correctif est donc normal à cette saison. Néanmoins, une différence de 100 à 150 €/t entre le marché mondial du sucre raffiné et le marché européen semble bien insuffisant à la tenue des équilibres, quand on sait que les rendements s’annoncent tous décevants dans l’Union européenne – en dehors des effets éventuels des parcelles inondées sur le marché.
Bref, ces données seront à vérifier avec les chiffres effectifs du commerce : pour l’heure, les valeurs officielles pour la nouvelle campagne ne sont pas rendues publiques, et on reste donc sur la valeur de septembre dernier (817 €/t en sortie sucrerie française)… Le suspense reste donc entier !
Enfin, gardons un œil sur l’éthanol européen, qui subit une très forte pression à la baisse. Bien que le pétrole reste calme malgré la tragédie au Moyen-Orient, il est toujours plombé par des imports à bas coût. Il repasse même sous les 70 €/hl, ce que l’on n’avait plus vu depuis deux ans…