Malgré la pluie, la boue et la terre grasse, le défilé commenté des machines a eu lieu sans fausse note sur le site de Berny-en-Santerre les 25 et 26 octobre. Un peu plus tard, les intégrales sont entrées dans les parcelles de betteraves qui leur étaient réservées, accompagnées, photographiées, filmées par une foule de planteurs et d’entrepreneurs fascinés par la puissance et l’efficacité au travail des machines. Un spectacle bien mis en scène mais qui n’a pas révélé d’innovations techniques significatives. Comme prévu, Vervaet offre maintenant le choix entre une turbine (entretien et coût réduits) et une table avec sept rouleaux (plus grand débit) sur la Q 621. « Il n’était plus tenable de rester uniquement sur la turbine par rapport à la concurrence », justifie le constructeur néerlandais. De son côté, Grimme soigne la cabine de la troisième génération des Rexor (6200 et 6300) qui seront construites en série à partir de 2024 dans l’usine de Damme (Allemagne). « Nous avons travaillé sur la partie avant de la machine, le confort du chauffeur et les coûts d’utilisation », explique Thibaud Lefebvre, chef de produit du constructeur en France. Un accoudoir à gauche et de nouveaux écrans de contrôle entrent dans la cabine de fabrication Claas (de type ensileuse Jaguar), de même qu’un pare-brise avec un verre acoustique et, de série, un siège chauffant et ventilé pour le chauffeur. Le constructeur allemand se soucie des coûts en proposant une garantie usure de la pièce sur cinq ans : « contre 25 euros par hectare, on assure les vidanges et nous livrons les pièces d’usure mais c’est à l’utilisateur de les monter ». Autre grand constructeur d’Outre-Rhin, Ropa équipe ses intégrales Tiger et Panther de deux types d’effeuilleuses. Le système intégral dépose entre les rangs les feuilles broyées par les fléaux. Il opère avec ou sans roues tâteuses, « formule plus simple et plus confortable pour le chauffeur », souligne Sébastien Dillies, directeur commercial de Ropa France. L’autre dispositif (effeuilleuse Allround) andaine les feuilles entre les rangs ou bien les éparpille sur la surface arrachée. Un bouton dans la cabine de la machine permet de passer d’un type d’éjection à l’autre. À noter que l’effeuilleuse Allround donne aussi la possibilité de conserver les feuilles de betteraves grâce à un tapis récupérateur en vue, par exemple, de leur utilisation dans un méthaniseur.
Turbine à une dent
Construite en série depuis cette année sur les chaînes de montage d’Holmer en Bavière, la Terra Dos 5 adopte, elle aussi, le système de l’effeuilleuse intégrale qui dépose les feuilles dans l’inter-rang. « La machine décolle les feuilles sèches du sol, elles ne s’accumulent plus dans les socs, le risque de bourrage disparaît », détaille Maxime Sénécal, chef de produit chez Holmer France. Si le moteur de la Terra Dos 5, sa transmission et le châssis sont ceux de la TD 4, plusieurs nouveautés font néanmoins leur apparition. « Les scalpeurs ne « décoltent » plus que le collet, quelle que soit la pression exercée, le bâti HR3 est plus stable et nous avons augmenté à 1 755 mm le diamètre des turbines de nettoyage », égrène Maxime Sénécal. En outre, chaque élément de la turbine est composé d’une seule dent au lieu de deux : « c’est plus simple et ça baisse les coûts d’entretien ». Dans le jargon des connaisseurs de la lignée des Terra Dos, la nouvelle machine ne perd pas sa « grande gueule », autrement dit son tapis de 90 cm de largeur sous la cabine.
Douze rangs
Holmer qui aime voir grand a été l’un des rares constructeurs, avec Soyez, à présenter un système d’arrachage sur douze rangs espacés de 45 cm. « Le coût d’utilisation par hectare est inférieur de 25 % par rapport à une six-rangs ; le débit de chantier multiplié par 1,8 », argumente Maxime Sénécal. Selon Holmer, une douze-rangs arrache 2 hectares / heure, contre 1,15 hectare pour une six-rangs. Mais il existe des contraintes sur le choix de l’inter-rang qui reste fixe (45 ou 50 cm) et la logistique, un bâti de douze rangs en 45 cm mesure 5,40 m. Il reste que, sur la question d’un arrachage des betteraves sur douze rangs, les avis sont partagés. Il n’est pas à l’ordre du jour chez Ropa qui arrache sur six rangs, et sur huit ou neuf rangs sur les marchés d’Europe orientale et d’Amérique du Nord où les rendements n’excèdent pas 60 à 80 tonnes par hectare. Sébastien Dillies considère qu’une douze-rangs « c’est 45 cm fixes et un handicap pour un entrepreneur sauf s’il dispose de plusieurs machines ». La trémie devient une « trémie tampon puisque la machine vidange tous les trois cents mètres. Ça pose des problèmes d’organisation du chantier alors qu’aujourd’hui on veut réduire la main-d’œuvre ». Une analyse proche de celle de Grimme qui estime que le marché des douze-rangs ne représenterait guère plus d’une à deux machines par an. « Avec une Rexor trois essieux, il faudrait trois personnes sur le chantier et un très bon chauffeur dans la cabine », observe Thibaud Lefebvre. Sans parler de la logistique pour le transport. En fait, annonce-t-on chez Grimme, on préfère de loin donner la priorité à tout ce qui peut assister le chauffeur dans son travail et à la qualité de l’arrachage.