« On prolonge le PNRI et on y mettra les moyens. On couvrira les pertes jaunisse ». En visite sur le plus grand salon européen dédié à la betterave, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, a ainsi voulu montrer que le gouvernement soutient la production betteravière française.
Interpellé plusieurs fois par les représentants de la CGB à propos de l’indemnisation des pertes dues à la jaunisse, le ministre a répondu : « Nous serons au rendez-vous de l’engagement qui a été le mien de couvrir les risques jaunisse […] puisque nous ne sommes pas sur une crise généralisée, donc nous avons des dispositifs qui doivent être adaptés par rapport à une crise, qui est géographiquement localisé ». Marc Fesneau a indiqué qu’il présentera bientôt les modalités aux représentants de la filière et que « c’est au moment de la fin de récolte que nous connaîtrons les pertes. »
Prolongement du PNRI sur 3 ans
La principale annonce concerne la prolongation du plan national de recherche et d’innovation (PNRI). Ce programme de recherche de grande ampleur, mis en place suite aux fortes attaques de jaunisse de 2020, fédère 23 projets mobilisant 80 chercheurs de la recherche fondamentale, de la recherche appliquée, de la sélection, et d’autres entreprises privées. Les alternatives les plus prometteuses ont été très vite testées en conditions naturelles par les 71 fermes pilotes d’expérimentation.
Si de grandes avancées ont été faites, « le succès est incomplet à ce jour », a déclaré le président de l’ITB, Alexandre Quillet. Les alternatives ne sont pas encore suffisamment efficientes pour affirmer que le risque d’impact de la jaunisse est derrière nous. »
« On voit qu’il est compliqué de substituer une molécule, a indiqué le ministre. Cela ne se fait pas en un claquement de doigts. C’est plus compliqué que le Y’a qu’à faut qu’on et aujourd’hui nous n’avons pas encore de solution optimale pour substituer les néonicotinoïdes. Cela nécessite du temps, des moyens publics et privés et l’engagement des agriculteurs. »
C’est pourquoi Marc Fesneau a annoncé le prolongement du PNRI sur une durée de 3 ans, et que l’Etat « sera au rendez-vous sur les moyens financiers. »
Inquiétude pour plusieurs produits phytosanitaires
Enfin, le ministre a tenté de rassurer les agriculteurs sur le fonctionnement de la « task force » qui doit identifier les impacts du retrait de 75 substances actives. « Ce n’est pas parce que l’on dit qu’il y a des risques sur les molécules que le gouvernement français a l’intention de les interdire. Mais pour chercher des d’alternatives il faut savoir où il y a des risques. »
Juste avant le discours du ministre, le président de l’ITB avait confié son inquiétude à propos de plusieurs produits : le difénoconazole pour les fongicides, le phenmédiphame pour les herbicides, et le flonicamide pour les insecticides, « tous les trois concernés par un questionnement que j’interprète comme une interdiction à court terme en France ». Et Alexandre Quillet de mettre en garde : « si c’est le cas, c’est la mort de notre filière, même avec un prix du sucre à près de 800 € aujourd’hui, sans doute beaucoup moins demain, car nous n’avons pas encore identifié les alternatives. »