Cela fait sept ans qu’une manifestation betteravière d’une telle ampleur n’a pas eu lieu en Europe. Les instituts techniques français et belge – l’ITB et l’Irbab – attendent plus de 10 000 visiteurs. La dernière fois, c’était en 2016 à Moyvilliers dans l’Oise.
Depuis, nous avons basculé dans un autre monde. Les quotas et les prix garantis ont disparu, tout comme la possibilité d’utiliser des semences enrobées aux néonicotinoïdes.
À Betteravenir 2016, il n’y avait déjà plus d’automotrices sur la ligne de départ. Certains planteurs s’en étaient émus. Mais faute de demande, les automotrices ne sont jamais réapparues dans les catalogues des constructeurs. En revanche, on peut encore voir leur silhouette familière dans la plaine.
Il y a deux 2 ans, alors que les prix étaient au plus bas et que la jaunisse faisait des ravages, on ne donnait pas cher de la peau de la betterave. Aujourd’hui, Betteravenir se tient dans une atmosphère plus sereine : les solutions sont en vue et les prix sont bons.
La betterave n’est donc pas morte. La présence de 150 exposants est le signe que notre filière reste un marché intéressant pour l’agrofourniture : semences, produits phytosanitaires, matériel… Ils montreront que la culture betteravière est aussi une affaire de technologie. Les semenciers parleront de génétique, les constructeurs, d’agriculture 3.0, l’ITB et les sucriers, d’OAD ou de biocontrôle…
Cette betterave high-tech sera aussi une belle vitrine pour les visiteurs extérieurs à notre filière, notamment les responsables politiques.
Lors de l’inauguration, le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, devrait annoncer la prolongation du Plan National de Recherche et d’Innovation (PNRI), qui doit trouver des solutions économiquement viables et facilement applicables contre la jaunisse.
2024 sera une période de test pour la betterave. Les variétés tolérantes seront-elles au rendez-vous ? Les solutions alternatives seront-elles réellement efficaces ? On aura certainement les réponses avant Betteravenir 2030, si les deux instituts techniques gardent le rythme d’un salon tous les 7 ans.
En 2030, les années jaunisse – comme on appellera peut-être la période que nous sommes en train de vivre – ne seront sans doute plus qu’un lointain mauvais souvenir…
Et nous aurons encore basculé dans un autre monde. Un monde où la capacité de résilience de la betterave face au réchauffement climatique permettra à cette plante de toujours s’imposer dans les assolements de la ferme France.