Qui sont les chasseurs en 2023 ? Quel milieu socio-professionnel ? Quelle tranche d’âge ? Quelles pratiques ? Quelle origine ? Quel sexe ? Cinq enquêtes, conduites par la Fédération nationale des chasseurs (FNC) de février à juin 2023, permettent d’y voir plus clair. Cent quarante-quatre mille chasseurs ont répondu à un flot de questions. Pour la saison en cours, 963 571 ont validé leur permis. Ils étaient un peu plus d’un million de pratiquants en 2014 (1,1 million) lors de la précédente enquête. On constate donc un tassement, sans doute consécutif à l’évolution des idées, au développement du mouvement végétarien, à l’affirmation constamment répétée que « du moustique à l’éléphant, l’animal est sacré« . On peut aller très loin dans cette philosophie. N’a-t-on pas entendu le journaliste et député (France Insoumise) Aymeric Caron nous dire que tuer un moustique, c’était sacrifier une maman en train de nourrir ses bébés ? Parallèlement à cette évolution, le goût de la nature, de la viande saine, des grands espaces, de l’authenticité des rapports de l’homme avec son milieu naturel peuvent aussi encourager certains à sauter le pas.
Plus de 75 % des chasseurs résident, ou ont une domiciliation, dans une commune rurale telle que définie par l’Insee. Ce chiffre est sans équivoque et permet de remettre l’église au milieu du village, face aux bobards qui laissent croire que les chasseurs sont plus citadins que ruraux ! On dénombre aussi, parmi les actifs ou retraités, 10 % d’agriculteurs, y compris les ouvriers agricoles. C’est 3 fois plus qu’au sein de la population française des 15-89 ans.
Toutes classes d’âges confondues, « être en contact avec la nature » est la première motivation (67 %) et elle est en progression depuis la précédente étude. Elle est suivie de près par la convivialité (61 %) et par le contact avec le chien (59 %).
On pense que la moyenne d’âge des pratiquants est élevée. C’est vrai. Près de la moitié (46 %) sont des retraités. Mais il semble que les troupes rajeunissent. Ainsi, 42 % d’entre eux ont moins de 55 ans en 2023. C’est 5 points de moins qu’en 2014. 27 % ont moins de 45 ans, une proportion stable sur la décennie. En effet, au-delà de l’effet « boomer » et qui se traduit par un vieillissement, la jeunesse se manifeste grâce aux campagnes de communication de la FNC. Les jeunes de moins de 25 ans représentent un peu plus de 5 % des chasseurs et sont aussi nombreux qu’en 2014.
Rappelons qu’en 2022, 50 % des candidats à l’examen du permis de chasser avaient moins de 25 ans.
Rappelons aussi que le taux de succès à cet examen est de 70 %. C’est plus sélectif que le baccalauréat (90 %)
C’est évidemment sur le front de la jeunesse qu’il faut se battre et les auteurs de l’étude l’ont bien compris, puisqu’ils illustrent l’enquête par une photo de deux jeunes pratiquants (un homme et une femme).
Quatre fois plus de retombées économiques que le tennis
Sur le terrain du sexe, en dépit des campagnes féministes, on rame. La chasse reste une affaire d’hommes avec ses réunions animées qui égaient les repas, les saillies gaillardes et les plaisanteries gauloises. Les auteurs de l’étude ont beau insister sur la « féminisation », 3,3 % seulement des pratiquants sont des femmes en 2023. Toutefois « L’effectif se féminise progressivement avec une augmentation de 25 % du nombre de femmes en presque 10 ans ! », s’enthousiasme le commentateur. 31 200 femmes portent le fusil ou la carabine, contre 25 000 en 2014.
Côté socio-professionnel, la part des dirigeants, cadres supérieurs ou professions intellectuelles supérieures, est stable sur 10 ans (32 % en 2023). Et la proportion d’ouvriers et d’employés est identique (32 %). On compte aussi 6 % de petits artisans ou commerçants ; et 17 % de professions intermédiaires.
La chasse est un atout pour l’économie française. Elle maintient l’emploi en mobilisant 37 400 ETP (équivalents temps plein) en 2022.
Les dépenses des chasseurs en 2022-2023 se sont élevées à 4,2 milliards d’euros. À titre de comparaison, les retombées économiques directes, indirectes et induites du tennis en France (4 millions de pratiquants), en 2016, n’étaient que de 1,044 milliard d’euros, dont un quart lié au seul tournoi de Roland-Garros et à la modernisation du stade.
Chasseur par tradition familiale
Comment devient-on chasseur ? Si 72 % des chasseurs évoquent la culture familiale, 31 % évoquent la culture rurale, 30 % « pour être dans la nature » et 24 % « pour avoir une activité permettant de prendre soin de la nature et de la protéger ».
Du côté des nouveaux permis (post 2020), 70 % citent « le contact avec la nature » comme l’une de leur première motivation.
Que chassent-ils ? Le sanglier vient en tête, suivi du « petit gibier de plaine », du chevreuil, des oiseaux de passage, des cerfs, biches et faons, des « Esod » (ex-nuisibles) et du gibier de montagne. 98% pratiquent la chasse à tir.
De tout cela peut se dégager un portrait-robot du chasseur 2023 : un homme d’une cinquantaine d’années, d’origine rurale, venu à la chasse par tradition familiale. Ce cadre ou cet employé aime la convivialité, chasse le sanglier à tir, aime et protège la nature.
Une réalité assez éloignée de la caricature qui nous est, hélas, trop souvent assénée.