La rencontre entre le ministre de l’Agriculture, Marc Fesneau, et les planteurs qui ont accueilli les fermes pilotes d’expérimentation dans le cadre du Plan National de Recherche et Innovation (PNRI) peut être vue comme une forme de reconnaissance pour le travail qu’elles effectuent pour contrer la jaunisse. Car leurs essais à l’échelle de la parcelle entière sont une originalité de ce plan de recherche, lancé en 2020. Les travaux effectués sur les 71 fermes pilotes, disséminées sur toute la zone betteravière, ont pour but de tester au champ les solutions, qui ont été travaillées et validées au laboratoire ou par la recherche appliquée. En résumé : confronter la théorie à la pratique en conditions réelles.

« Une ferme pilote d’expérimentation, c’est une parcelle agricole de 8 hectares en moyenne, qu’un agriculteur confie à la filière betteravière pour tester des solutions, sans contrainte économique ni a priori : pour un chercheur, c’est le paradis, ou presque », a déclaré le président de l’ITB, Alexandre Quillet.

Trouver « des solutions massifiables »

Pour le ministre, cette rencontre fut l’occasion de remercier les agriculteurs pour leur engagement à trouver « des solutions massifiables ». Car il faudra que tous les agriculteurs puissent utiliser et combiner les différents outils, qui auront été mis à leur disposition. À l’avenir, l’itinéraire technique sera donc plus complexe qu’un semis de variété traitée aux néonicotinoïdes ! « Nous allons rentrer dans une phase de complexification pour les agriculteurs, il n’y aura plus une unique solution », a poursuivi Marc Fesneau. Et d’ajouter « il faut que cela passe économiquement, en termes d’usage, de pratique et de durabilité ».

Le président de l’ITB estime que nous n’avons pas encore trouvé les alternatives suffisantes pour apporter des réponses opérationnelles et efficientes aux agriculteurs. « Mais aujourd’hui, nous avons plus de connaissances sur le puceron myzus persicae, sur les réservoirs viraux et sur les moyens de lutte contre les jaunisses virales », a déclaré Alexandre Quillet.

Le président de l’ITB a cité de nombreux progrès faits ces dernières années. Par exemple, « en 2021, l’expérimentateur lâchait des chrysopes contenues dans une solution liquide, qu’il pulvérisait en plein avec un atomiseur. En 2023, il les apporte dans un substrat solide, en localisé sur le rang de betterave, à l’aide d’un épandeur à rampe. C’est une amélioration économique, car l’opération est plus rapide et nécessite moins d’auxiliaires. »

Poursuivre les recherches

Le président de l’ITB a émis le souhait de poursuivre les recherches « au travers d’une consolidation du PNRI avec un accompagnement financier de fonds publics. »

La réponse de Marc Fesneau, avant que les participants se répartissent en quatre ateliers pour des échanges techniques avec les membres du comité de coordination technique du PNRI, a été plutôt positive : « vous avez montré l’utilité d’une telle démarche. C’est encourageant pour tout le monde. Poursuivez l’œuvre que vous avez commencé, alors on pourra se retrouver dans 3 ans avec une combinaison de solutions. On pourra dire : le problème est derrière nous. »

Une annonce officielle d’un PNRI 2 serait-elle imminente ?

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Le PNRI bénéficie d’un financement public de 7 M€ sur 3 ans. Le montant global associé à ces travaux atteint plus de 20 M€ avec les co-financements (Inrae, ITB, entreprises privées).

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Qu’est-ce qu’une FPE

Les planteurs qui sont à la tête des fermes pilotes d’expérimentation (FPE) sont tous très motivés et très impliqués dans la recherche d’alternatives aux néonicotinoïdes.

Chacune des 71 fermes est accompagnée par un service agronomique de sucrerie, par l’ITB, ou encore directement par un chercheur. Cela représente une surface d’expérimentation de 600 hectares environ, dont une petite centaine en production bio.

À noter également que 7 fermes de lycées agricoles ont rejoint le dispositif.

Parmi les 23 projets scientifiques du PNRI, 11 d’entre eux sont en interaction directe avec les FPE. Concrètement, ces fermes testent des odeurs (répulsives ou attractives), des produits de biocontrôle, des lâchers d’auxiliaires. Elles implantent des bandes fleuries, parfois en combinaison avec des plantes compagnes.

Chacune des solutions est évaluée à l’aune de son impact économique, à partir des données réelles de l’agriculteur.