Le bilan annuel (saison 2022-2023) des accidents de chasse fait état de 6 morts (tous chasseurs) contre 8 la saison dernière. Leur nombre a, lui aussi, baissé, passant de 90 à 78. Un accident est défini par toute blessure corporelle survenue par arme à feu dans le cadre d’une action de chasse.
Il montre aussi une baisse du nombre d’incidents : 84 contre 104 la saison dernière. Un incident est défini par une situation relevée susceptible d’avoir mis en danger les personnes ou les biens.
Les incidents les plus fréquemment pointés concernent les tirs en direction d’habitations, de véhicules ou d’animaux domestiques. Ils révèlent quasi systématiquement un manquement aux règles essentielles de sécurité à la chasse.
Ces chiffres s’inscrivent dans la tendance des vingt dernières années, qui se caractérisent par une baisse de 80 % des accidents mortels et de 62 % des accidents.
Ce sont les tirs à balle qui sont les plus dangereux. En effet, si les blessures par petits plombs sont rarement létales, il en va différemment pour l’arme rayée. Ces projectiles sont dangereux à très grande distance. Ils peuvent en outre ricocher, que ce soit sur un tronc d’arbre, une souche ou un rocher.
Or, comme il y a de plus en plus de grand gibier – obligatoirement tiré à balle – les risques se sont considérablement accrus.
Les règles de sécurité sont drastiques : tirs « fichants », respect de l’angle de 30° au poste, arme obligatoirement déchargée entre deux battues, interdiction de tirer si la cible n’est pas parfaitement identifiée.
800 000 sangliers prélevés au cours de la dernière saison
Le communiqué de l’Office Français de la Biodiversité ( OFB) constate une augmentation très forte des prélèvements de grand gibier : plus de 1 500 000 animaux prélevés, dont 800 000 sangliers, soit une augmentation de plus de 50 % en 20 ans.
La marée noire est telle qu’un projet d’arrêté soumis au Conseil National de la Chasse et de la Faune Sauvage va modifier l’arrêté du 1er août 1986 relatif à divers procédés de chasse, de la destruction des animaux nuisibles à la reprise du gibier vivant dans un but de repeuplement.
Il s’agit de frapper plus fort pour enrayer l’invasion. L’objectif poursuivi est de réduire de 20 %, voire de 30 %, les dégâts sur les cultures en trois ans, sur la référence de 2019.
Le projet d’arrêté prévoit :
– Un nouveau cadre juridique relatif à l’emploi de la chevrotine pour le tir du sanglier en battues collectives ;
– De faciliter les prélèvements de sangliers en permettant, en cas de nécessité, le tir autour des parcelles agricoles en cours de récolte ;
– La possibilité, par exception, de tirer le sanglier à poste fixe autour de points d’agrainage ;
La chasse au sanglier sera possible toute l’année en précisant qu’entre avril et mai, seule la chasse individuelle est possible, uniquement en cas de dégâts et sur autorisation préfectorale.
Le projet de décret prévoit également une meilleure indemnisation des agriculteurs, notamment en réduisant les seuils d’indemnisation et en modernisant la procédure d’indemnisation devant la Commission nationale d’indemnisation des dégâts. La procédure sera également simplifiée. Enfin, l’arrêté de 1986 est modifié pour tenir compte de la nouvelle règlementation européenne, dite Reach, sur l’emploi de munitions à plomb sur les zones humides.
Ces dispositions ont provoqué, bien entendu, une vive réaction de certaines associations. l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) s’étrangle : « chasse au sanglier 12 mois sur 12 : le nouveau cadeau de Macron aux pseudos régulateurs » et de poursuivre : « chevrotines, moissonneuses-(ra)batteuses, appâts-fusillades, massacres au printemps… Pour réduire les dégâts de sangliers, l’État s’apprête à modifier un arrêté de 1986, de façon à donner encore plus de droits et de libertés aux chasseurs ».
Chevrotines : l’éternel débat
Du côté des chasseurs, c’est le retour à la chevrotine – éternel serpent de mer – qui pourrait susciter quelques réactions. Ces munitions ont l’inconvénient de blesser davantage. Mais elles sont d’une indéniable efficacité, quand elles sont tirées à très courte distance.
Rappelons que la chevrotine est une munition composée de grenaille de plomb. Elle désigne généralement les cartouches comprenant moins de 28 projectiles (en calibre 12) organisés par couche de trois, quatre ou sept au total.
Elle est autorisée en Corse et, « à titre expérimental », dans les Landes.
L’an dernier, lors de l’assemblée générale de la fédération des chasseurs de Gironde, son président, Henri Sabarot, avait proposé une motion demandant leur autorisation pour la chasse en battue du gros gibier sur certains territoires et dans certaines conditions. Le président avait motivé ce « retour en arrière » par un souci de sécurité.
Et sur le site internet « Chasse Passion » les résultats d’un sondage sont sans équivoque. Sur 2 651 personnes ayant exprimé leur avis, 1 772 sont pour le retour de la chevrotine à la chasse, et 879 contre. Certes, le nombre de « sondés » est insuffisant pour être significatif, mais le résultat indique une tendance. Il semble donc que si cette décision était finalement retenue, l’opposition cynégétique serait minoritaire.