Le sélectionneur spécialisé dans la betterave sucrière SESVanderHave a annoncé, le 8 septembre, avoir réalisé « une avancée prometteuse » dans la lutte cotre la jaunisse de la betterave, grâce à une collaboration avec l’Institut de recherche sur la betterave sucrière allemand (IfZ).
« Des recherches pionnières ont démontré que les facteurs de sensibilité aux virus de la jaunisse de la betterave sucrière peuvent être désactivés pour générer une résistance aux virus. Ces travaux permettent d’identifier spécifiquement les variations naturelles dans le patrimoine génétique de la betterave sucrière et de les rendre utilisables pour la culture en temps utile », explique le communiqué de presse du sélectionneur.
Comment cette désactivation de gène a-t-elle été réalisée ? Une opération complexe résumée par le directeur général d’ITB, Vincent Laudinat : « en partant de travaux sur base cellulaire puis sur plante entière, SESVanderHave et l’IfZ ont identifié un gène qui, rendu inopérant, prévient de manière importante l’implantation d’un des deux polérovirus (le BchV) et donc sa multiplication dans les cellules de betterave ».
À ce stade la réduction d’implantation virale n’est observée que sur le Beet Chlorosis virus (BChV), aucune identification n’a été faite sur le virus grave de la jaunisse (le BYV). Rappelons que la maladie de la jaunisse virale est complexe, puisqu’elle implique trois familles virales incluant le virus de la jaunisse modérée de la betterave (BMYV), le Beet Chlorosis virus (BChV) et le virus de la jaunisse grave de la betterave (BYV).
Pas de brevet sur les gènes natifs
SESVanderHave et l’IfZ indiquent qu’ils ne détiennent aucun brevet sur le gène identifié et s’engagent à partager leurs résultats avec l’ensemble de la communauté scientifique et les autres sélectionneurs. Les travaux ont en effet été financés par le ministère allemand de l’Agriculture… Et puis la stratégie de SESVanderHave est de ne pas breveter les gènes natifs.
« Cette découverte offre un grand potentiel pour les programmes de sélection de la betterave sucrière dans le monde entier », déclare Hendrik Tschoep, directeur de la sélection chez SESVanderHave. De son côté le directeur général d’ITB, estime que « cette découverte contribue à une dynamique de recherche positive ». C’est pourquoi l’ITB a demandé à SESVanderHave de présenter ses travaux au congrès l’Institut International de Recherches Betteravières (IIRB) en février prochain.
Maintenant que ce gène a été identifié par des travaux de recherche fondamentale, il reste à l’introduire dans les variétés commerciales, ce qui prendra plusieurs années. Il faudra également analyser les conséquences d’une désactivation de ce gène silencieux sur la productivité ou les effets secondaires éventuels sur la betterave.
SESVanderHave qui travaille depuis plusieurs années dans la recherche contre la jaunisse, continue d’investir de manière significative sur ce sujet. En tout cas, l’identification de ce gène est un pas de plus dans la lutte contre un virus qui entraîne des pertes de rendement substantielles allant jusqu’à 50 % dans les exploitations betteravières.
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