Les prochaines élections européennes auront lieu le 9 juin 2024. Les représentants de la ruralité au sens le plus large entendent bien faire entendre leur voix. Invité le 15 août par plusieurs personnalités aux festivités organisées par la ville de Béziers, Willy Schraen n’a pas caché qu’il était prêt à s’engager. Interrogé par notre confrère du Midi Libre, après avoir assisté aux corridas, le président de la Fédération nationale des chasseurs a déclaré à propos d’une éventuelle candidature : « c’est vraiment quelque chose à quoi je réfléchis. C’est très, très envisageable. Je pense que l’on peut avoir des élus européens sans souci ». L’engagement de Willy Schraen est d’autant plus sérieux que nos provinces sont de plus en plus exaspérées par le comportement des mouvements écologistes extrêmes (voir page 8). Ainsi, lors de la corrida qui s’était déroulée quelques semaines auparavant dans la petite ville de La Brède (près de Bordeaux), le maire avait demandé à l’assistance de se mettre debout et de chanter d’abord un vieux chant ancestral du Sud-Ouest et ensuite la Marseillaise, ce qui fut fait à pleins poumons. Dans les quelques mots qu’il avait prononcés avant le « paséo », le maire avait souligné que les régions de France n’avaient aucune intention de se soumettre aux diktats de la capitale. Après la débandade du député (LFI) Aymeric Carron, qui a tenté de l’abolir, la corrida semble avoir assuré sa survie.
La torture du lombric
Mais les menaces pèsent également sur la chasse. À tir bien sûr, mais surtout sur la vénerie, victime chaque saison de campagnes de plus en plus violentes. On s’attaque aux chiens et aux chevaux sans que la justice ne punisse toujours les coupables avec la sévérité requise. Les pêcheurs à la ligne ne sont pas épargnés. La pêche au vif a ainsi été interdite sur la Seine par la mairie de Paris et la mairie de Grenoble l’a interdite, elle aussi, sur les plans d’eau publics. Les activistes dénoncent « la torture du poisson vivant ». Si on suit leur logique, ils devraient aussi demander l’interdiction de la pêche au ver pour que cesse « la torture du lombric ».
Les agriculteurs sont eux-mêmes confrontés à des campagnes dures. On se souvient des activistes qui, franchissant un pas, ont organisé de véritables scènes de guérilla autour des « bassines ». On peut certes discuter de la multiplication de ces retenues d’eau, mais sans recourir à la violence. Pour Thierry Vatin, directeur général de l’agence de l’eau Artois-Picardie, « les agences de l’eau n’ont pas une position dogmatique sur la question des retenues d’eau ». Pour lui, elles peuvent se justifier, mais sous certaines conditions. « On le fait depuis des siècles dans les montagnes, par exemple, avec les barrages ». Ensuite, il faut que cette réserve soit collective. Enfin, l’eau retenue doit avoir de multiples usages. Ainsi « en période de sécheresse servir à la population en cas de manque d’eau potable, aux industriels et aux agriculteurs ».
Or, l’écologie extrême préfère le cocktail Molotov à la discussion. Certains militants en viennent même à attaquer directement les exploitants. Après la bassine de Sainte-Soline, des militants écologistes s’en sont pris à une exploitation de muguet et à des serres expérimentales de la Fédération des maraîchers nantais. À mi-août, ces mêmes agités ont attaqué la chambre d’agriculture de Toulouse. Commentant cet événement, Laure Serres, présidente de la Fédération Départementale Syndicat Exploitants Agricoles (FDSEA) de Haute- Garonne, déclarait : « nous sommes pris pour cible par de petits groupes qui jouent sur les peurs et souhaitent attirer l’attention en dégradant. Ces activistes ne souhaitent pas dialoguer mais simplement détruire. L’agriculture est un enjeu majeur de notre pays, un acteur économique et social important, un atout dans l’innovation et dans la question de souveraineté alimentaire qui va se poser dans les années à venir ».
« Nous aurons du monde »
La ruralité dans son ensemble se sent donc menacée. C’est la raison pour laquelle une contre-attaque s’organise. Et quelle meilleure enceinte pour défendre ses idées que de les faire valoir au Parlement européen ?
Si Willy Schraen se montrait encore un peu timide, Laurent Jaoul, le maire de la petite commune de Saint-Brès (Hérault) se voulait plus déterminé : « je suis très optimiste. Nous aurons du monde ».
Cette candidature rassemblera les chasseurs, les agriculteurs, les pêcheurs, les métiers de bouche, les cavaliers, la tauromachie et bien d’autres face à l’extrémisme écologiste et aux réglementations hors-sol en provenance de l’administration européenne. L’objectif de Willy Schraen serait donc de rassembler sous une même bannière toutes ces corporations dans un front commun de la ruralité.
La question n’est plus de savoir si les chasseurs verront un ou plusieurs de leurs représentants partir en campagne électorale aux prochaines élections européennes, mais quand ?