Les pôles techniques des Culturales organisées par Arvalis les 14 et 15 juin à Congerville-Thionville ont été approfondis sous l’angle du changement climatique. L’enjeu questionne sur les assolements, la recherche variétale et les techniques de conduite des cultures.
Repenser les itinéraires techniques
Dans cette perspective, Dekalb va proposer en 2028 une autre approche pour cultiver le maïs avec Preceon Smart Corn System. Ce concept associera une nouvelle génétique à des conseils agronomiques issus de la plateforme numérique Climate FieldView. Plus petits que les maïs conventionnels, avec des tiges plus robustes et un système racinaire plus dense, ces maïs sont adaptés à la haute densité de semis. Face aux aléas climatiques, les plantes se comportent mieux. « Les Smart Corn rendent possibles des modes de production différents pour gagner en rendement, en gestion des intrants et des ressources naturelles », partage Guillaume Chancrin, responsable marketing de la culture de maïs chez Bayer-Dekalb. Pour les semis 2024, le semencier lance le maïs grain DKC4231, demi-précoce (G2), stable en toutes situations de stress. Nouveau, le label SiloSecur identifie sept variétés de maïs fourrage résilientes aux aléas climatiques. Afin de faciliter l’utilisation des outils numériques pour conduire plus finement les cultures et l’exploitation, Climate FieldView devient interopérable avec Wanaka pour moduler la fertilisation azotée, avec Seabex pour l’irrigation de précision, avec Xfarm pour gérer l’exploitation et Géofolia (Isagri) pour intégrer les données réglementaires.
Toujours sur le créneau du service optimisé, Syngenta rassemble son offre numérique pour piloter la protection des cultures au sein de la plateforme CropWise Protector. Elle sera accessible en 2024. Et pour mieux connaître la composition des sols, dont le taux de matière organique, l’entreprise proposera Interra Scan. Positionné sur un quad, ce scanneur ausculte le sol.
Exemple de structuration de l’offre des entreprises autour de l’enjeu du changement climatique, celle de BASF. Une baisse de 30 % des émissions de gaz à effet de serre à horizon 2030 par tonne récoltée est visée pour les principales cultures dans le monde. Trois leviers sont identifiés : la génétique avec les blés hybrides, l’innovation produits dont les inhibiteurs d’uréase (Limus Care) et les outils de pilotage. L’entreprise peaufine l’offre One Smart Spray portée avec Bosch. Embarquée sur le pulvérisateur UX SmartSprayer d’Amazone équipé de caméras Bosch et en démonstration aux Culturales, l’intelligence artificielle de Xarvio (BASF) permet la reconnaissance des adventices sur les cultures en végétation. À la clé, jusqu’à 70 % de baisse de la dose herbicide. « Nous apportons une vision différente des itinéraires pour réduire l’utilisation d’intrants ainsi que la possibilité de diminuer l’empreinte carbone », a expliqué Jean-Jacques Pons, directeur général de BASF France – division Agro. En céréales, le traitement de semences Systiva et le fongicide Revystar XL sont aussi mis en avant dans le cadre des itinéraires agroécologiques.
Approche combinatoire en santé et nutrition des plantes
Pour sécuriser les rendements, les entreprises de protection des cultures répondent avec le biocontrôle et les biostimulants, en complément de la phytopharmacie. Le « combinatoire prêt à l’emploi », caractérise la marque Pronutiva d’UPL en associant un produit conventionnel à une biosolution de la marque NPP. « Nos propositions répondent à la transition agroécologique avec la baisse d’IFT tout en assurant les rendements », souligne Joëlle Sfeir, directrice marketing chez UPL France. En septembre, l’entreprise lance contre les pucerons vecteurs de la jaunisse nanisante de l’orge (JNO), le pack Pronutiva automne comprenant l’insecticide Cythrine Max ou Cythrine L (cyperméthrine) et le biostimulant Exponan (à base d’ascophyllum nodosum). Le biostimulant booste la croissance de la céréale pour la rendre plus vigoureuse et la soustraire plus vite de sa période de sensibilité.
Autre exemple d’association de solutions : Trika Super de Sumi Agro, un produit « trois en un » à effet insecticide du sol, fertilisant starter et biostimulant pour réussir l’implantation des cultures. Il est désormais applicable sur la betterave et le colza.
Biostimulants antistress ou pour optimiser la fertilisation
Pour atténuer à hauteur de 25 % le stress du blé, Syngenta commercialise le biostimulant Rêvolt. Issue des complexes actifs de dix plantes, la solution s’applique au stade épis 1cm à gonflement. Action Pin présente une gamme complète de biostimulants « antistress » : Amalgerol Essence, Syncro-Natural et Heliopolis. La solution Obstacle de Nufarm (silicate de calcium) renforce la paroi cellulaire des pommes de terre et du lin notamment.
Les biostimulants optimisent la fertilisation azotée. Corteva propose Utrisha composé de bactéries fixatrices de l’azote de l’air (en moyenne 30 unités d’azote/ha). Les résultats sur blés tendres d’hiver dans 50 essais témoignent d’un gain moyen de rendement de 2,2 q/ha. Syngenta est positionné sur ce créneau avec Vixeran.
Baisse de l’impact environnemental des engrais
Le fournisseur de fertilisants enrobés à libération progressive de l’azote ICL lance, fin 2023, le pelliculage de ses engrais enrobés avec la technologie eqo.x, un polymère biodégradable. Les pertes d’azote par volatilisation sont réduites de 40 % et celles par lessivage de 54 % par rapport à des engrais classiques. En 2024, des engrais phosphatés (Puraloop), composés de phosphore notamment issu de cendres recyclées des boues de stations d’épuration, seront disponibles.