« 2022 nous a fait un peu peur : sécheresse, gel, puis fin des néonicotinoïdes début 2023 », a expliqué Fabien Hamot, le président de la CGB de la Somme, lors de son assemblée générale, le 26 mai 2023. En effet, tout comme dans l’Oise, le désherbage, la croissance puis la conservation des betteraves ont été impactés par le climat de l’année dernière. Selon Jean-Jacques Fatous, son directeur adjoint, si les rendements 2022 sont assez décevants (79 t/ ha contre 83 t/ha en moyenne sur 5 ans), la baisse des surfaces est moins forte qu’au niveau national (4 à 5 % contre 7 à 8 %). « Quelle place maintenant pour la betterave dans nos exploitations ? », s’est demandé Fabien Hamot en soulignant le très bon état du cours du sucre. « Il a atteint des niveaux que l’on n’a pas connus depuis fort longtemps, en tout cas pas depuis la fin des quotas, a affirmé Nicolas Rialland, le directeur général de la CGB. Si l’on retient un prix de vente moyen à 800 €/t, avec un prix du gaz qui a bien baissé, il ne nous semble pas déraisonnable que les betteraves 2023 soient payées entre 52 à 58 € par tonne (hors pulpe)», a-t-il expliqué. Combien de temps cela va-t-il durer ? Personne ne le sait. Cependant, selon Nicolas Rialland, les spéculateurs sont présents à l’achat mais pas à des niveaux records comme on a pu le connaître par le passé. La hausse des cours n’est donc pas seulement artificielle.
L’évolution des cours dépendra entre autres des importations de l’Union européenne. Selon les prévisions de la CGB, la production européenne devrait être comprise entre 14 et 15,6 Mt. Avec une consommation de 16,6 Mt, l’UE devra donc importer entre 1 et 2,6 Mt. Si ce chiffre dépasse le contingent de 2,2 Mt qui peut entrer dans le marché commun à droit nul ou réduit, les droits d’entrée (419 €/t) devraient tirer le cours européen du sucre à la hausse. À noter que l’UE a ouvert ses frontières au sucre ukrainien sans droit de douane. « Au niveau de l’interprofession, nous avons alerté le ministère de l’Économie pour demander qu’une vigilance soit portée à ce flux », a déclaré Nicolas Rialland en expliquant que ce pays pouvait être simplement une porte d’entrée pour des exportateurs non-ukrainiens souhaitant se positionner sur le marché européen sans droit de douane.
Une augmentation nécessaire
Pour Fabien Hamot, l’évolution prévisible du prix des betteraves est « heureuse » en raison de la forte augmentation des charges. Elle est même nécessaire, selon Nicolas Rialland. En effet, d’après la CGB, les coûts de production de l’année 2023 seront 30 % supérieurs à ceux de 2020 et ils se situent maintenant autour de 3 000 €/ha. « Mais en aucun cas, cette hausse des prix ne doit couvrir les pertes dues à la jaunisse, a affirmé Fabien Hamot. S’il y a de la jaunisse, notre ministre doit respecter son engagement ».
À titre de comparaison, Nicolas Pinchon, betteravier et consultant en marchés des céréales est venu évoquer la chute des prix du blé. Puis Ghislain Malatesta, le directeur de l’expérimentation et de l’expertise régionale de l’ITB, et François Suiveng, le responsable développement de SESVanderhave France, ont exposé l’avancement de la recherche en matière de lutte contre la jaunisse.