Faut-il sacraliser l’animal ?
Dispositif de prélèvement dynamique des COV © AgriOdor. Les « odeurs » des betteraves sont mesurées pour les masquer. ©AgriOdor

Depuis 2021, des Fermes Pilotes d’Expérimentation (FPE) sont implantées dans toutes les régions betteravières pour évaluer au champ, et à l’échelle de parcelles d’agriculteur, l’efficacité de solutions alternatives aux néonicotinoïdes. Pour cette campagne 2023, 76 exploitations et 7 lycées agricoles ont accepté de tester sur leurs parcelles de betteraves sucrières plus d’une dizaine de leviers et combinaisons de leviers différents.

En 2023, les solutions basées sur des médiateurs chimiques sont mises à l’épreuve. Il s’agit soit de molécules chimiques qui miment les phéromones d’alarme émises par les pucerons, soit d’odeurs, aussi appelées kairomones, qui repoussent les pucerons et/ou attirent les auxiliaires. Ces molécules sont appliquées dans les parcelles avec un pulvérisateur ou avec un quad équipé d’un épandeur centrifuge selon la formulation du produit. Ces solutions ont déjà montré des résultats encourageants sur les populations de pucerons. Ils seront consolidés cette année avec un nombre d’essais plus important et une évaluation des symptômes de jaunisse et de l’impact économique.

La recherche sur les autres leviers continue

Les travaux sur les autres leviers testés depuis 2021 sur les FPE se poursuivent. Les conduites se sont précisées au cours de ces deux années, et les résultats sont encourageants ou tendent à être confirmés pour la plupart de ces leviers. Les plantes compagnes sont majoritairement testées sur les FPE compte tenu des bons résultats obtenus sur les symptômes de jaunisse, mais les autres leviers seront testés dans suffisamment de situations pour juger de leur intérêt.

Faut-il sacraliser l’animal ?
©ITB

1. Plantes compagnes

Graminées ou féverole de printemps semées avec les betteraves, et détruites en début de cycle pour limiter la concurrence. Elles réduisent la colonisation des pucerons par un effet visuel (camouflage, contraste avec le sol) et/ou olfactif.

2. Biocontrôle

Substances naturelles (maltodextrine, huile de paraffine) ou micro-organismes (champignon entomopathogène) pulvérisables, sélectionnés grâce à un screening sous serre. Ils auraient un mode d’action aphicide et/ou sur la transmission virale.

3. Mélanges variétaux

Combinaison de variétés tolérantes individuellement à un seul virus, ou combinaison de variétés résistantes et peu productives, avec des variétés sensibles et productives. L’objectif est d’améliorer la tolérance globale d’une parcelle à la jaunisse.

4. Apport d’azote

Fractionnement et/ou retard d’apport de la dose d’azote conseillée. Une plante avec une teneur en azote foliaire plus faible serait moins bénéfique à la multiplication des pucerons.

5. Bandes fleuries

Implantation de mélanges floraux en bordure de parcelle pour attirer les auxiliaires prédateurs et parasitoïdes de pucerons naturellement présents dans le paysage.

6. Lâchers d’auxiliaires

Augmentation artificielle des populations d’auxiliaires, chrysopes prédatrices et parasitoïdes, dans les parcelles pour qu’ils puissent agir dès la colonisation des pucerons.

Et les combinaisons de leviers s’amplifient

Pour cette troisième année du PNRI, l’opérationnalité est visée. Les leviers plantes compagnes, produits de biocontrôle et lâchers d’auxiliaires (larves de chrysope) sont autant que possible intégrés dans une stratégie de protection intégrant les aphicides, et des combinaisons de leviers intégrant plusieurs solutions testées dans le PNRI sont également envisagées. Les dispositifs d’essais sont plus grands pour se rapprocher des conditions d’exploitation, et l’évaluation de chaque stratégie de protection sera faite jusqu’au rendement pour chiffrer leur intérêt économique.

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©ITB

1. Plantes compagnes X Biocontrôle

Les produits de biocontrôle à base du champignon entomopathogène (Lecanicillium muscarium) et d’huile de paraffine sont appliqués au seuil d’intervention ou après un premier aphicide sur des parcelles avec des plantes compagnes. C’est principalement un effet cumulé des deux leviers qui est attendu. Les plantes compagnes pourraient toutefois augmenter l’efficacité du champignon en favorisant son développement grâce à un microclimat favorable (ex : humidité), un support végétal plus dense et/ou en diminuant les UV reçus.

2. Plantes compagnes X Lâchers d’auxiliaires

Des larves de chrysope sont épandues sur des dispositifs d’essais avec des plantes compagnes, au seuil d’intervention aphicide ou après le premier aphicide selon les populations de pucerons présentes. L’objectif est d’augmenter l’efficacité des larves en réalisant les lâchers plus tardivement, avec des conditions météorologiques plus favorables à leur activité, et à des densités de pucerons plus faibles.

3. Plantes compagnes X Bandes fleuries

Dans certaines parcelles, de l’avoine en plante compagne est semée à proximité d’une bande fleurie. Les bandes fleuries permettraient d’attirer les auxiliaires dans la parcelle, et les plantes compagnes leur permettraient de coloniser la parcelle en leur fournissant un habitat favorable et des proies de substitution.

Pour plus de détails sur ces travaux

Afin d’informer les betteraviers des solutions testées dans leur région, l’ITB propose une carte numérique avec des repères géographiques représentant chaque Ferme Pilote d’Expérimentation (FPE). Les repères donnent accès aux détails des essais conduits dans chaque FPE au cours des trois années du PNRI. Les leviers et modalités testés y sont annotés par année. Les mécanismes en jeu, les mises en place 2023 et les projets concernés sont détaillés pour chaque levier, ce qui permet de mieux comprendre les attentes des solutions testées. Enfin, la newsletter PNRInfo permet de suivre chaque mois l’avancement des travaux du PNRI. Pour s’y abonner, il suffit de cliquer sur la mention « Recevez nos infos par mail et SMS » qui figure en bas de chaque page du site itbfr.org.

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©ITB
Focus sur les kairomones

Les pucerons utilisent des molécules odorantes (Composés Organiques Volatils – COV), libérées dans l’atmosphère par les plantes, pour localiser leurs hôtes. En épandant d’autres molécules odorantes dans l’environnement olfactif des parcelles, l’objectif est de brouiller les informations perçues par le puceron et rendre les betteraves moins détectables. Certains COV pourraient également avoir un effet répulsif.