Le président de Cristal Union affichait une certaine sérénité, lors de la présentation des résultats de l’exercice 2022-2023, le 5 juin à Paris. Malgré l’envolée historique des coûts de l’énergie (le prix du gaz est passé de 20 à 340 €/MWh) et une campagne betteravière moyenne à 78 t/ha à 16°, Cristal Union a su profiter de l’envolée des prix du sucre pour réaliser son meilleur résultat depuis dix ans.
Durant l’hiver 2022-2023, Cristal Union a adapté l’organisation de ses usines pour limiter ses besoins en gaz, et a ainsi réduit de 10 % ses consommations d’énergie pendant la campagne. Parallèlement, le groupe a adapté son approche commerciale avec des offres adossées en temps réel aux prix très fluctuants des énergies. « Le mot d’ordre a été de maintenir les marges », résume Xavier Astolfi. Et le directeur général de Cristal Union d’expliquer : « Nous avons mis en place une stratégie agile fondée sur des offres commerciales adossées au coût de l’énergie et avons effectué des arbitrages de production en fonction des opportunités de marchés. » C’est donc la production de sucre qui a été privilégiée (1,8 Mt) au détriment de l’alcool et de l’éthanol (300 000 m3 chacun).
Passer le cap de l’arrêt des néonicotinoïdes
Les résultats 2022-2023 (clos au 31 janvier 2023) progressent sur les principaux indicateurs économiques. Le chiffre d’affaires augmente de 30 % à 2,3 milliards d’euros (52 % de ce chiffre d’affaires étant réalisé par le sucre de betterave et 27 % par l’alcool et l’éthanol). L’EBITDA consolidé est en hausse de 40 % à 289 M€. Enfin, le résultat net de 179 M€, en hausse de 85 %, est à son meilleur niveau depuis dix ans.
Les capitaux propres retrouvent le niveau d’avant la crise de 2017-2018 à 1,323 milliard d’euros. La dette structurelle passe de 386 M€ en 2021-2022 à 272 M€, ce qui ramène le ratio dette nette/capitaux propres à 24 %.
« La structure financière solide de Cristal Union et la stratégie globale que nous poursuivons nous permettent d’être aux côtés de nos coopérateurs pour les aider à passer le cap de l’arrêt des néonicotinoïdes », souligne le président de Cristal Union, qui estime qu’il y aura deux à trois années difficiles à passer avant de disposer de variétés tolérantes à la jaunisse.
43,40 €/t de betteraves en 2022
Ces bons résultats se retrouvent dans la rémunération des betteraves 2022, qui affiche une augmentation de 14 € par rapport à 2021, à 43,40 € la tonne de betteraves en moyenne pour la campagne 2022. « Dès janvier nous avons donné un objectif de prix encore en hausse, à 45 € la tonne de betteraves, et qui devrait certainement être dépassé, déclare Olivier de Bohan. La betterave est une culture compétitive, l’effet ciseaux tant redouté ne touchera pas la betterave ». Et le président de Cristal Union d’indiquer que certains planteurs ayant abandonné la betterave l’interrogent pour revenir !
Grâce à ses bonnes performances, Cristal Union prépare un ambitieux plan de décarbonation de ses activités. Il s’agit de poursuivre le travail entamé depuis plusieurs années pour diminuer les consommations énergétiques et les émissions de gaz à effet de serre. Ainsi, entre 2010 et 2020 le groupe a diminué de 15 % ses émissions de CO2 et de 8 % sa consommation d’énergie.
D’ici 2030, Cristal Union a un objectif de -35 % d’émissions de CO et -10 % d’énergie consommée par rapport à 2015, grâce à des projets d’envergure comme celui du sécheur de pulpe par récupération de vapeur de la sucrerie de Sainte-Emilie (25 M€ d’investissement) qui sera mis en service en septembre 2023.
Mais le but ultime est l’autonomie énergétique de ses 8 sucreries d’ici 2050. Les dirigeants de Cristal Union estiment que 55 % des pulpes de betteraves suffiraient à auto-alimenter une sucrerie-distillerie en énergie. La sucrerie d’Arcis-sur-Aube pourrait être le premier site autonome en énergie dès 2030. Un investissement très lourd d’environ 150 M€. « Nous allons mettre énormément de moyens, c’est pourquoi nous avons besoin d’un accompagnement financier et réglementaire », déclare Olivier de Bohan.
Les dirigeants de Cristal Union estiment que l’autonomie énergétique des sucreries sera une vraie force pour la filière sucre dans le futur.