« On est quand même en temps de guerre. Le mot de souveraineté alimentaire est encore plus vrai aujourd’hui », a déclaré Franck Sander lors de l’AG de L’Eure, le 9 mai dernier. Mais il y a aussi la souveraineté énergétique, a-t-il rappelé, alors que l’industrie sucrière française est très énergivore (elle consomme 9 TWh par an). « Le sujet de la pulpe va être un sujet très fort à l’avenir », a-t-il ajouté. En effet, ce produit pourrait permettre de diminuer la dépendance énergétique des sucreries, tout en décarbonant la transformation des betteraves.
Le président de la CGB s’est aussi adressé aux responsables politiques présents, lors de l’AG de l’Eure. Il a dénoncé les surtranspositions françaises, la politisation des dossiers et a exposé la situation dans laquelle se trouve la betterave aujourd’hui. « Pas d’interdiction sans solution », a-t-il répété une nouvelle fois.
Par ailleurs, le président de la CGB a rappelé la distorsion de concurrence qui existe avec d’autres pays européens sur le néonicotinoïde foliaire, l’acétamipride : « le produit est homologué au niveau européen mais les seuls qui ne peuvent pas l’utiliser, ce sont les Français ».
De son côté, le directeur général Nicolas Rialland est préoccupé par le projet de la Commission européenne de règlement sur l’utilisation durable des pesticides (SUR), qui prévoit une réduction de 50 % des produits phytosanitaires. Or, une trentaine de molécules ont déjà été rayées ces 5 dernières années et les produits pour le désherbage se font rares. « Le projet politique de la Commission européenne est de changer en profondeur le modèle agricole », regrette Nicolas Rialland.
« Je ne peux pas critiquer les agriculteurs qui ont levé le pied ou qui ont arrêté de faire la betterave, a déclaré Franck Sander. La mise en place de la culture est tellement coûteuse qu’on ne peut pas se permettre de perdre nos récoltes aujourd’hui. Par contre, c’est à vous de trouver la solution », a-t-il dit aux responsables politiques présents.
Alors que le dispositif d’indemnisation en cas de pertes due à la jaunisse est en cours de validation, Le président de la CGB a encouragé les betteraviers à protéger leurs betteraves de façon rigoureuse. Car ce seront bien les betteraves produites qui feront le revenu. Franck Sander envisage d’ailleurs des betteraves à plus de 50 euros en 2023. « Il ne faut pas qu’on ait honte de dire qu’il nous faut des betteraves à ce prix-là ».