La surface betteravière française devrait diminuer de 7,5 % selon la CGB. Ce qui amènerait notre pays entre 370 000 et 380 000 hectares, soit la plus faible surface depuis 15 ans (il y avait 350 000 ha en 2008). De son côté, le service statistique du ministère de l’Agriculture (Agreste) estime la baisse à 5 %. Les régions les plus touchées sont l’Île-de-France et le Centre-Val-de-Loire, avec respectivement une baisse de 15 % et 15,4 %. Les Hauts-de-France (-4,1 %) et le Grand Est (-1,8 %) restent moins touchés.

Pourquoi la France est-elle le pays où la betterave a le plus diminué malgré les bons prix annoncés ? Il y a d’abord les accidents climatiques de ces dernières années, qui ont beaucoup affecté la betterave dans certaines régions, notamment le Centre, l’Île-de-France et l’Oise. D’autre part, la demande de renouvellement des engagements en coopératives sur une durée fixée à 5 ans a pu freiner certains betteraviers, alors que l’incertitude était totale sur la fin des néonicotinoïdes.

Au niveau européen, une baisse des surfaces de 1,2 % signifierait que la production de sucre devrait s’établir « autour de 14,7 Mt en appliquant le rendement moyen quinquennal olympique à chaque pays betteravier, calcule Timothé Masson, économiste à la CGB. L’incertitude donne une production comprise entre 14 et 15,6 Mt. Elle sera donc déficitaire dans tous les cas, par rapport à une demande estimée autour de 16,6 Mt. Il faudrait en effet que chaque pays ait un rendement supérieur de 13 % à son rendement moyen olympique quinquennal pour que le bilan soit à l’équilibre. C’est d’autant plus improbable avec l’interdiction des néonicotinoïdes dans de nombreux pays*. On s’oriente donc vers un marché européen toujours porteur ».

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* Début février, on parlait de 8 pays ayant autorisé les traitements de semences à base de néonicotinoïdes. Pour finir, la Finlande et l’Espagne ne devraient pas semer de betteraves traitées. En revanche, plusieurs pays le feraient : la République tchèque, la Hongrie, la Croatie, la Lituanie, la Roumanie et la Slovaquie. Et le Royaume-Uni, qui n’est plus dans l’UE.