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Après deux années de baisse, la production française d’alcool éthylique d’origine agricole connaît un rebond en 2022. Elle atteint les 16,9 Mhl, mais ne rattrape pas les 17,8 Mhl de 2019. L’augmentation de la production à partir de betteraves explique l’essentiel de cette hausse, la production à partir de blé et de maïs étant relativement stable, a expliqué Sylvain Demoures devant les principaux acteurs de la filière.
Au niveau européen, la consommation d’alcool agricole augmente beaucoup plus vite que la production, entraînant une augmentation des importations (multipliées par 2 entre 2021 et 2022). De nouvelles perspectives de production s’ouvrent donc à condition que la compétitivité des producteurs européens ne soit pas dégradée par un abaissement des protections douanières. C’est pour cela que Valérie Corre appelle les responsables politiques à s’opposer à l’accord du Mercosur qui veut faciliter l’importation d’éthanol en provenance de pays qui n’ont pas les mêmes contraintes réglementaires que les producteurs européens.
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Les deux utilisations de l’alcool agricole produit en France se rééquilibrent : les ventes d’alcool traditionnel ont baissé depuis 2020 où elles s’étaient envolées avec la demande pour les gels hydroalcooliques, mais celles de l’éthanol carburant ont repris leur croissance et atteignent 11,6 Mhl. Pour ce qui est de la demande en essence, la consommation de SP98 et le SP95 diminue pendant que celles de SP95-E10 et surtout d’E85 augmentent substantiellement (+83 % pour l’E85 qui passe la barre des 7 % du marché de l’essence).
Et pour cause : le parc de voitures pouvant rouler au bioéthanol est en augmentation de 67 % sur un an. Cela résulte des ventes de boîtiers E85 qui sont presque trois fois plus nombreux qu’en 2021, et celles des voitures conçues pour rouler avec ce carburant, qui ont été multipliées par 6. Le nombre de stations-service délivrant de l’E85 suit la même tendance. Plus d’une sur trois en propose, avec en tête TotalEnergies. Si rouler à l’E85 permettait d’économiser en moyenne 702 € pour 13 000 Km (soit la distance moyenne d’un véhicule français par an) en 2022 par rapport au SP95-E10, l’économie s’établit autour de 458 € depuis le 1er janvier 2023, précise le SNPAA. À noter cependant que le chiffre de 702 € pour 13 000 Km était exceptionnellement haut. Ainsi, malgré la hausse des prix, rouler à l’E85 est toujours plus intéressant que de rouler au SP95-E10, ce qui permet d’amortir, en un peu plus de 2 ans, un investissement dans un boîtier de conversion à l’E85, vendu autour de 1000 €.