Contrairement à la France, la balance commerciale agricole et agroalimentaire européenne, allégée des vins et spiritueux, est positive (de 42 milliards d’euros en 2021, selon le think tank Agriculture Stratégies). En apparence, la souveraineté alimentaire de l’UE semble donc assurée. Cependant, cette affirmation doit être nuancée car ce solde commercial cache plusieurs réalités.
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Tout d’abord, sa valeur positive est largement due à la balance des produits transformés qui est excédentaire de 66 milliards en 2021. A noter que cette distinction brut/transformé peut varier en fonction des sources de données, certains produits comme la farine ou le beurre sont parfois considérés comme des produits bruts, et parfois comme des produits transformés. Or, la valeur économique d’un produit transformé ne reflète pas sa valeur alimentaire puisqu’elle est constituée, dans une proportion non négligeable, par le travail et les capitaux nécessaires à la transformation et à la commercialisation.
Par ailleurs, selon Alessandra Kirsch, la directrice du think tank Agriculture Stratégies, les produits transformés à haute valeur ajoutée responsables de la création de richesse ne sont pas forcément fabriqués à partir de produits bruts européens. « Ainsi, il est possible que cet excédent commercial agroalimentaire affiché pour l’UE soit fortement dépendant d’importations, questionnant encore davantage notre souveraineté alimentaire », s’inquiète-t-elle. Enfin, « loin de la vision pourtant bien ancrée de sa vocation agro exportatrice, l’UE est bien déficitaire en produits agricoles bruts, tout comme la France » ajoute-t-elle.
La souveraineté alimentaire de notre continent n’est donc plus si évidente. Une analyse plus poussée serait nécessaire pour s’en assurer. Et, tant l’application du Green Deal par la Commission européenne que l’artificialisation des sols, ou encore la probable signature de l’accord avec le Mercosur, ne vont probablement pas améliorer la situation.