L’éco-organisme Adivalor ouvre, pour cette campagne 2023, un programme de collecte des emballages vides en carton des semences de betteraves. Il a été mis en place en coopération avec les semenciers, via leurs organisations professionnelles semencières (UFS et Semae), l’Association de récupération et de recyclage des emballages de semence (Ares), les distributeurs agricoles, les sucreries et les représentants des planteurs.
Même si les volumes restent faibles, soit un gisement de 130 tonnes espéré collecté à hauteur de 75%, ce dispositif va rendre un important service aux planteurs. « Jusqu’à présent, nous n’avions pas de solutions, a partagé Christophe Grison, président de la structure et de Valfrance. Ouvrir ce flux pour les producteurs apporte de la cohérence par rapport à tous les autres types d’emballages vides déjà récupérés ». Vincent Bournaison, agriculteur et viticulteur dans la Marne, cultive 400 ha en grandes cultures dont 100 ha de betteraves. Ce sera pour lui une troisième filière de récupération des déchets de l’agrofourniture en complément de celles pour gérer les emballages vides de ses produits phytosanitaires et la centaine de big-bags de semences qu’il plie et amène en fagots à la coopérative Cérésia. L’avantage ? Avant tout de la simplification : « envoyer en déchetterie complique la gestion de nos déchets dans la mesure où elles ne prennent pas tout », partage-t-il.
Une filière supplémentaire, destinée aux éleveurs, est aussi lancée en 2023. Elle concerne la collecte et le recyclage des emballages de nutrition animale avec la création de l’organisme Valoralim. Le gisement est évalué à 10 300 tonnes avec un taux de collecte de 60 % escompté en 2025 et un recyclage à 80 %, en raison des difficultés pour récupérer et stocker les sacs en papier. Opérationnelle en juillet, elle sera la 24e filière de collecte d’Adivalor, la 25e concerne les pots plastiques en horticulture.
Hausse de 4,4 % de la collecte en 2022
Ces élargissements s’inscrivent dans le cadre d’une feuille de route à horizon 2030, qui fixe deux objectifs : 100 % collectés, 100 % recyclés. « Nous sommes exemplaires au niveau européen et dans la trajectoire des accords prévus avec les ministères de l’Agriculture et de l’Écologie », a insisté Christophe Grison.
Le bilan de l’année 2022 témoigne de la progression avec 93 000 tonnes de déchets collectés, soit 4 000 tonnes de plus qu’en 2021. Le taux de moyen de collecte est de 78 % avec des performances de plus de 90 % pour les emballages vides de produits phytosanitaires, mais des difficultés pour les emballages en papier et les filets. « Pour suivre notre direction de 100 % collectés, des solutions pour tous les types de plastiques et emballages sont à mettre en place dans les exploitations agricoles et des programmes sont à renforcer », a indiqué Ronan Vanot, directeur général d’Adivalor.
Quant au recyclage, hors films de paillage, il se rapproche de l’objectif : « tout ce qu’on collecte, on le recycle à plus de 90 %, en majorité en valorisation énergétique », a précisé Christophe Grison.
Relocalisation du recyclage
La moitié du recyclage s’effectue actuellement dans des usines françaises, l’autre partie dans l’Union européenne. Afin d’obtenir un taux de 80 % de recyclage en France dès 2025, Adivalor intervient en partenariat avec plusieurs groupes industriels pour l’extension de l’usine Suez à Landemont (49) et dans la création de quatre usines de 2022 à 2024. Ainsi, l’unité de Recyouest à Argentan, dans l’Orne, est en fonctionnement depuis septembre dernier avec un process innovant de nettoyage sans eau des filets de balles rondes et des ficelles. Cette usine est une première mondiale. « On veut continuer à pousser les programmes sur ces déchets auprès des agriculteurs car les taux de collecte ne sont pas suffisants », a toutefois souligné Ronan Vanot. C’est à côté de Gisors, dans l’Eure, que s’ouvrira fin 2023 l’usine Novus de recyclage des big-bags. Les deux autres unités sont établies dans l’Hérault pour les films de paillage (fin 2023) et en Ille-et-Vilaine pour les films d’élevage usagés (courant 2024). « La relocalisation d’unités industrielles en France contribuera à sécuriser nos débouchés et à réduire les externalités négatives liées au transport », a partagé le directeur d’Adivalor. Non seulement la filière agricole utilise peu d’emballages et de plastiques en comparaison avec d’autres secteurs d’activité, mais en plus elle est proactive pour la collecte et le recyclage de ses déchets.
Enfin, pour renforcer cette stratégie d’économie circulaire, l’incitation à une meilleure éco-conception des produits est mise en place cette année. Une éco-modulation incite en parallèle à accroître le taux de plastiques agricoles recyclés dans les emballages.