« J’ai repris l’exploitation par choix. J’ose espérer que c’est le cas pour tous, car c’est un temps plein où il faut avoir de nouvelles envies, innover et ne jamais se reposer sur ses lauriers », déclare Basile Faucheux, agriculteur à Épieds-en-Beauce depuis 2014.
Ce jeune agriculteur de 32 ans a repris l’exploitation de 160 hectares de son père, diversifiée en culture légumière de plein champ destinée à la conserverie, de la semence potagère, des betteraves ainsi des plants de pommes de terre.
La betterave est arrivée dans l’exploitation en 2010, suite aux premières ouvertures de « quota éthanol » par la sucrerie d’Artenay. Aujourd’hui, elle représente 10 % de l’assolement. « J’ai fait 60 t/ha en 2020 et 100 t/ha en 2022. Au prix proposé aujourd’hui par Tereos, c’est intéressant, mais je suis encore engagé pour 2023 et 2024. Après, je ferai les comptes en espérant qu’il n’y aura pas de catastrophe ». Car une plus forte présence de pucerons dans l’exploitation aura aussi des conséquences sur la production de plants de pommes de terre.
Basile Faucheux attend les nouvelles semences tolérantes à la jaunisse. L’innovation est l’une des raisons pour lesquelles une exploitation peut perdurer, selon Basile Faucheux. « C’est un enjeu pour moi d’aller expliquer au grand public pourquoi nous avons de plus en plus besoin de la science », ajoute-t-il.
Développer les journées nationales de l’agriculture
Jeune et ambitieux, le loirétain ne s’arrête pas à son métier d’agriculteur : anciennement vice-président du syndicat Jeunes Agriculteurs national, il est désormais président de l’association Agridemain depuis octobre 2022. « Le but d’Agridemain, c’est que chaque agriculteur explique son métier au plus grand nombre et, s’il y a des choses qu’il ne sait pas, il renvoie la demande vers quelqu’un de qualifié. Par exemple, je ne suis pas éleveur mais je peux répondre à des questions de grands principes sur l’élevage même si, techniquement, je ne peux pas répondre. Nous faisons une dizaine de métiers différents, c’est normal de ne pas tout savoir », explique Basile Faucheux. Pour contrer les idées transmises uniquement via les médias, le jeune céréalier souhaite briser les a priori sur le métier d’agriculteur, en développant les journées nationales de l’agriculture. Renouvelées pour la troisième édition, elles se déroulent le deuxième week-end de juin et ont rassemblé environ 300 000 visiteurs l’année dernière. Les exploitations sont ouvertes au public, les agriculteurs profitent de ces journées pour échanger avec les visiteurs sur leur métier, leurs problématiques. « J’aimerais que ces journées soient le miroir des journées du patrimoine pour l’agriculture », indique le céréalier. Le fait d’ouvrir les exploitations peut représenter une contrainte pour l’agriculteur, qui devra mesurer quels espaces doivent être ouverts ou non. « Nous pouvons jouer ce rôle d’aide. Une exploitation, c’est un lieu de travail, où certains endroits doivent être fermés à clé », indique Basile Faucheux, tout en précisant que les visites se sont toujours déroulées dans un grand respect.
« Il y a de la place pour tout le monde »
Partenaire de l’Anefa (Association nationale pour l’emploi et la formation en agriculture), Basile Faucheux souhaite que ces journées nationales de l’agriculture permettent à des visiteurs de trouver leur futur métier. « Il y a du travail pour tout le monde. Les gens n’imaginent pas tout le numérique qu’on enrôle dans les exploitations. Le monde agricole est, après l’armée, celui qui utilise le plus le GPS. Celui qui veut travailler uniquement derrière un ordinateur le peut, celui qui préfère être dehors aussi », déclare le jeune agriculteur. Le secteur étant attractif, les rencontres avec le grand public vont permettre de mettre en avant ces diversités, pour changer la vision de ce métier qui, certes présente des problématiques, mais comme tous les secteurs d’activité, « le but, c’est que le grand public puisse comprendre notre métier », indique Basile Faucheux.