La sécheresse du printemps dernier a entamé les rendements de l’orge de printemps, qui ont diminué de 8% par rapport à la référence moyenne des 5 dernières années. Avec une moyenne de 52 q/ha en 2022, la productivité se trouve nettement en-dessous du niveau élevé de 2020 qui se situait à 70 q/ha. Comment pourrait-on viser le retour à de hauts rendements en 2023 ? « Nous travaillons sur des orges de hauteurs plus réduites, des cycles plus précoces d’une ou deux semaines et un besoin moindre en azote », explique Dominique Vequaud, sélectionneur chez Secobra. Ces orges à faible teneur en protéines présentent un profil qualitatif idéal pour la brasserie. Elles permettent aussi de diminuer l’apport de fertilisant, en participant à la réduction de l’empreinte carbone de la filière. Dans sa génétique, Secobra exploite aussi plusieurs sources de résistance aux maladies, rhynchosporiose et pieds chétifs, pour créer des variétés à haut potentiel.
Actuellement, le choix variétal 2023 reste concentré sur la variété RGT Planet, largement cultivée en France, loin devant KWS Fantex, Fandaga et Laureate. Les variétés les plus productives et les plus cultivées appartiennent au groupe des faibles teneurs en protéines, sachant que l’optimum recherché se situe à 10,5 % pour les destinations brassicoles. La très grande majorité des variétés cultivées en 2022 présente aussi un calibrage moyen satisfaisant pour la brasserie, c’est-à-dire 90 % de grains supérieurs à 2.5 mm.
Pour la récolte 2023, deux variétés ont rejoint la liste des variétés préférées : KWS Thalis et LG Tosca. Selon Arvalis, les variétés récentes comme KWS Thalis produisent en moyenne 3-4% de rendement de plus que RGT Planet. KWS Thalis possède un bon calibrage et présente une faible activité lipoxygénasique, ce qui permet d’améliorer la conservation de la bière dans le temps. Précoce, KWS Thalis est moyennement sensible à la verse et à la rhynchosporiose, et tolérante à l’oïdium. La variété LG Tosca affiche régulièrement un calibrage parmi les plus élevés et un rendement du niveau de RGT Planet. Elle se classe dans la moyenne pour la verse et l’helminthosporiose et se montre tolérante à l’oïdium, mais sensible à la rhynchosporiose et à la rouille naine. Le choix variétal continue à s’étoffer, puisque cinq nouvelles orges de printemps sont actuellement en observation commerciale.
Piloter densité et azote
Dans l’itinéraire de culture, la première étape de réussite passe par la maîtrise de la densité de semis. Les peuplements épis élevés permettent en général d’obtenir des rendements élevés. Les densités conseillées dépendent du type de sol. Pour l’orge semée en fin d’hiver, à partir de mi-février, il faut compter 270-330 grains/m2 en limon; 300-350 grains/m2 en sol de craie, 350-450 grains/m2 en sol argilo-calcaire. Pour éviter un taux de protéines excessif dans le grain, fractionner l’apport d’azote reste la méthode la plus efficace. En pratique, il faut deux apports de 50 unités au semis, suivis du complément fin tallage. Le fractionnement est conseillé lorsque la dose totale est supérieure à 120 KgN/ha, mais aussi pour les semis précoces, les sols superficiels, et les parcelles ayant un reliquat d’azote sortie hiver faible. Si la dose totale d’azote prévisionnelle est inférieure à 120 unités, il n’est pas nécessaire.
La méthode N-Tester permet un dosage précis de l’azote, avec un diagnostic au stade 1 nœud. Il suffit d’insérer plusieurs feuilles dans la tête de mesure de l’appareil. Appliquée sur 30 feuilles, la pince N-tester établit une valeur moyenne et permet d’indiquer des carences éventuelles d’azote. Sur les variétés productives, ce bilan permet d’éviter une teneur en protéines trop basse. Si les plantes sont sous-alimentées, un apport tardif de 30 kgN/ha est alors conseillé, à positionner dès que possible (8-10 jours) quand des prévisions de pluies sont annoncées. Le N-tester permet aussi d’indiquer si la culture est suffisamment pourvue, ce qui évite un surdosage de fertilisant. Pour utiliser le N tester, il faut dans la parcelle prévoir une bande sur-fertilisée en cours de tallage, qui sert d’étalon à l’appareil.
Éviter la verse
Les effets de la verse peuvent fortement déprécier la qualité des orges de brasserie. Les variétés moyennement sensibles à la verse ne sont pas exemptes de risque. Si le tallage a été abondant, et que la montaison se passe dans de bonnes conditions, le risque augmente quel que soit le type variétal. Il se mesure au stade épi 1 cm, en fonction de l’état de la culture. Plusieurs régulateurs sont autorisés sur l’orge de printemps : Bogota Plus, Medax Top, Terpal, Moddus. Ils s’appliquent aux stades 1 à 2 noeuds. Pour une bonne régulation, il faut suivre les conditions d’emploi de ces produits, à savoir : une température minimum de 8 à 14°C selon la formulation et un temps poussant, en évitant les journées marquées par un écart de température élevé et les risques de pluie dans les heures qui suivent l’application.
Variétés préférées récolte 2023
- RGT Planet/Fandaga/KWS Fantex
- Sebastian/Sunshine. KWS Irina/Focus/Laureate
- Explorer/LG Tosca/KWS Thalis
Variétés en observation commerciale
Étape 2 : Valerian/LG Belcanto/Yoda
Étape 1 : Lexy/LG Flamenco/Shetty
(Source : Malteurs & Brasseurs de France.)