La plus petite récolte des huit dernières années : selon l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT), seules 800 000 tonnes de pommes de terre à 17 % de richesse féculière auraient été récoltées cette année, soit 300 000 tonnes de moins qu’en 2021. La culture de pommes de terre a été fortement impactée par les périodes caniculaires durant le cycle de végétation.
Même si les conditions climatiques avaient été favorables, la baisse de la production semblait inéluctable, puisque seuls 1 460 planteurs avaient été motivés pour se lancer dans cette activité. Ils ont ensemencé chacun 16 ha comme l’an passé mais, en fin de compte, seuls 20 300 hectares ont été plantés, soit 12 % de moins que l’an passé. Le rendement pourrait être inférieur de 40 t/ha, soit 10 t/ha de moins qu’en 2014-2015. En fait, les rendements baissent tendanciellement chaque année.
Par ailleurs, la filière ne bénéficie plus de l’avantage de prix dont elle disposait jusqu’à la crise Covid. En 2018-2019, la tonne de fécule de pommes de terre coûtait jusqu’à 350 €/t de plus que ses rivales de blé ou de maïs. L’ensemble des prix des fécules a fortement progressé depuis le mois de mai 2021, mais les cours des amidons de maïs et de blé ont davantage augmenté pour s’aligner sur les prix de la fécule de pommes de terre.
Toutes origines confondues, le prix de la tonne de fécule a ainsi atteint, voire dépassé, le seuil de 1000 €/t. Au mois d’octobre dernier, l’avantage prix de la fécule de pommes de terre n’était plus que de 90 € par tonne.
Mais la culture de pommes de terre fécule est risquée. Les coûts de production ont fortement augmenté, alors que les rendements tendent à baisser. La culture de pommes de terre pourrait être davantage délaissée en 2023 et en 2024 où seuls 15 000 ha pourraient alors être plantés, selon l’UNPT.
Demande d’aide restée vaine
En fait, la filière est chaque année un peu moins attractive malgré une organisation remarquable en coopérative. Pour tenter d’enrayer son déclin, Arnaud Delacour, président de l’interprofession (GIPT), a rappelé la demande de la filière fécule : « une aide couplée exceptionnelle pour maintenir nos deux usines, nos capacités de production et un équilibre entre les différents débouchés en pommes de terre ».
L’UNPT revendiquait une aide de 500 €/ha (contre 80 €/t actuellement) pour relancer la filière, menacée de disparaître avec ses deux usines de Vecquemont dans la Somme et d’Haussimont dans la Marne. Mais malgré de nombreuses rencontres avec le ministère de l’Agriculture, la demande est restée vaine.