C’est avec la problématique de la jaunisse que le comité technique de l’Institut technique de la betterave (ITB) à Barenton-Bugny dans l’Aisne a débuté le 13 décembre. « Depuis 2019, les betteraves sont cultivées en F8 avec des relais aphicides en végétation, constate François Courtaux, délégué ITB de l’Aisne. Cette technique a montré ses limites en 2020. En 2022, elle a donné satisfaction, avec une nuisibilité de la jaunisse négligeable. Mais il a fallu réaliser trois traitements en végétation pour contrôler les pucerons verts, contre un seul en 2021 ».
L’équipe axonnaise de l’ITB a testé d’autres techniques alternatives aux néonicotinoïdes. Elle a semé de l’avoine, de l’orge et des féveroles en même temps que les betteraves et testé des produits de biocontrôle. Ces essais s’intègrent dans le Plan National de Recherche et d’Innovation (PNRI), pour trouver des solutions opérationnelles contre la jaunisse de la betterave sucrière, a rappelé Fabienne Maupas, responsable du département technique et scientifique de l’ITB. Elle a développé les résultats de 23 projets des 40 partenaires qui sont ensuite testés dans 65 fermes pilotes de toute la France betteravière.
Le désherbage a été mis en difficulté
Autre particularité de l’année, avec les conditions sèches du printemps, le désherbage a été mis en difficulté. 30 % des parcelles de l’Aisne sont « sales » contre 13 % habituellement. « Le respect du calendrier d’intervention et la pertinence du choix des produits jouent un rôle important. Mais la qualité de pulvérisation est malheureusement trop souvent sous-estimée », insiste François Courtaux. Une mauvaise adaptation des buses et de la pression d’utilisation se traduit par une baisse d’efficacité des herbicides. L’adoption de buses anti-dérive utilisées avec des volumes d’eau inférieurs à 150 l/ha apporte des résultats insatisfaisants. Dans ces conditions, la répartition de la bouillie n’est pas uniforme et laisse intactes de petites adventices. Autre souci, les fourrières où le pulvérisateur avance souvent plus lentement (10 km/h au lieu de 12 parfois). Avec, en fin de compte, un risque de mauvaise répartition des gouttelettes et des chénopodes qui ne sont pas touchés. Il faut fixer non pas le volume mais la pression à 2 bars, quitte à reprendre la pulvérisation en manuel, propose le délégué de l’ITB.
Les chénopodes restent l’adventice la plus présente dans l’Aisne (65 %), suivie par les chardons laiterons (10 %) et les graminées (9 %). Ombellifère, amarante et mercuriale atteignant chacune 3 %. Pour lutter contre les graminées, Cédric Royer, ingénieur à l’ITB, a rappelé la nécessité d’utiliser la lutte agronomique et la lutte chimique, avec des produits aux modes d’action différents.