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Christianne Lambert, présidente de la FNSEA
Aujourd’hui, nous n’avons pas d’insécurité alimentaire, mais la crise actuelle révèle des dépendances aux énergies et aux engrais », a déclaré la présidente de la FNSEA. Christiane Lambert a appelé à « travailler pour réduire cette dépendance aux engrais, par la recherche variétale et le développement d’engrais décarbonés ». Et de poursuivre : « mon inquiétude porte sur la stratégie européenne Farm to Fork, qui prévoit d’ici à 2030 des objectifs (- 50 % de produits phytosanitaires, – 20 % de fertilisants et 25 % de production biologique) qui pourraient conduire à une insécurité alimentaire. Mais cela bouge à Bruxelles. La guerre en Ukraine ouvre les yeux des idéologues ». Et c’est aux agriculteurs d’entretenir ce mouvement qui remet la sécurité alimentaire au centre du débat.
Frédéric Martin, directeur général adjoint de GRDF
Les enjeux énergétiques peuvent s’analyser dans les mêmes termes que pour l’alimentaire, a confirmé Frédéric Martin, directeur général adjoint de GRDF. « Il est possible de s’approvisionner à 100 % en gaz verts en France, avec un tiers qui pourrait être produit par l’agriculture, un tiers par des déchets urbains et un tiers par l’hydrogène. La France serait alors indépendante pour le gaz à l’horizon 2050. On aurait réussi un beau pari ». Le directeur de GRDF estime que la France a déjà résolu son problème de volume, en s’approvisionnant en gaz naturel liquéfié par les ports, mais pas son problème de prix. « On rentre dans un monde de rareté. Il va falloir utiliser toute la palette que nous avons de manière intelligente ». Il faudra donc mobiliser la puissance du monde agricole. « La filière betteravière est pionnière dans la méthanisation. Elle approvisionne environ 200 méthaniseurs ». La betterave, c’est aussi substituer du gaz russe par du gaz local !
Olivier de Bohan, président de Cristal Union
La betterave assure aussi la souveraineté sanitaire, a rappelé en préambule le président de Cristal Union, Olivier de Bohan. « On n’a jamais manqué de gel hydro-alcooliques au plus fort de la crise Covid, car nous avons des outils sur le territoire ». La France exporte 40 % de son sucre dans l’Union européenne. « Mais la souveraineté n’est possible que si nous avons des betteraves. Or, il y a un risque. Moi, le Green deal, je l’appelle le Hunger deal, le deal de la faim qui risque d’arriver si l’on ne prend pas garde aux interdictions. Nous avons eu une dérogation néonicotinoïdes pour 3 ans, merci à Julien Denormandie, aux élus et à Emmanuel Macron pour leur courage. Mais aujourd’hui, le véritable enjeu c’est 2024 et 2025. Si nous n’avons pas les néonicotinoïdes en 2024, il nous faudra des solutions chimiques ».
Olivier de Bohan pointe enfin les distorsions de concurrence, y compris avec nos voisins les plus proches. « L’Allemagne plafonne le prix du gaz à hauteur de 70 €/MWh sur 70 % des volumes, ce qui fait un prix du gaz à 90 €/MWh quand nous sommes 130 €/MWh. Et elle autorise ses sucreries à tourner au charbon et au fuel. Cela représente un avantage de 10 €/t de betterave ! »
Yves Picquet, directeur de Bayer Crop Science France
La souveraineté alimentaire suppose de disposer régulièrement de nouveaux produits, selon Yves Picquet, directeur de Bayer Crop Science France. Et heureusement, « on arrive à innover en betterave », estime-t-il. Une des dernières innovations en betterave est l’arrivée des betteraves bas intrants développées avec le semencier allemand KWS. L’herbicide Conviso One lié à la semence tolérante permettra de baisser les traitements de manière importante, tout en contrôlant les mauvaises herbes de façon définitive. « C’est une nouvelle technologie révolutionnaire », déclare Yves Picquet. Le dirigeant de Bayer a aussi annoncé un nouveau fongicide betterave en 2024 pour lutter contre la cercosporiose.
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