En 2018, Sébastien Wendling a repris la ferme familiale que dirigeait son père et il exploite aujourd’hui 90 hectares : des céréales principalement (blé, maïs et colza) et, depuis mars 2022, de la betterave sur deux parcelles. « Du temps de mon père, pour les rotations, c’était blé-maïs, on ne se posait pas de question par ici. Même si j’ai déjà un métier à temps plein, j’avais envie de diversifier mes cultures », affirme Sébastien. Courageux et convaincu que l’on ne peut plus tout miser sur le maïs, il gère l’exploitation avec l’aide ponctuelle de son père.
La première parcelle de 2,5 ha de betteraves, où la terre est plus lourde, a été arrachée le 18 octobre. « Grâce à un sol argileux, nous avons un rendement de 67 tonnes à l’hectare, avec un taux de sucre à 17,7 °S », annonce Sébastien Wendling. « On pouvait s’attendre à mieux pour une première année de récolte, mais au niveau du taux de sucre, c’est plutôt bien par rapport à ce qui a été constaté ailleurs en Alsace, avec un taux aux alentours de 16,5°S, ce qui est exceptionnellement bas, mais pas surprenant à cause de la sécheresse de l’été », ajoute Marion Humbrecht, responsable des relations culture chez Cristal Union à Erstein.
La récolte de la plus grande parcelle de 5,5 ha était prévue fin novembre. « L’idée était aussi de comparer la production de betteraves sur deux types de terre différents », précise Sébastien, observateur et optimiste pour sa première récolte, malgré le scepticisme de certains agriculteurs du coin.
Des variétés adaptées
Pour cette première année d’exploitation, Sébastien Wendling a utilisé des semences traitées contre les néonicotinoïdes sur la petite parcelle qui a été arrachée, et sur laquelle il a ensuite semé du blé. La plus grande a été implantée avec des variétés non traitées, car du maïs sera semé en 2023. « Il a fallu faire un traitement anti-pucerons, pour sécuriser la récolte, on est bien obligés de compenser », souligne Sébastien.« Dans le secteur de Kirrwiller, sur une parcelle où du maïs était planté, on va sélectionner des variétés avec une double tolérance au rhizoctone, car le champignon peut faire perdre plus de 30 % au rendement, principalement dans les terres battantes. En revanche, ici, il y aura moins de pression cercosporiose », précise Marion Humbrecht.
Pour valoriser la production de sucres, Sébastien Wendling a fait un épandage de fumier avant l’hiver 2021 sur ses deux parcelles. Selon les reliquats azotés calculés à la fin de l’hiver, sur les conseils de la sucrerie, il a fractionné l’apport d’ammonitrate. « Depuis les semis en mars, j’ai fait 5 traitements et un binage », ajoute Sébastien.
Avec un sol plus argileux qui va retenir l’eau, la production de betteraves dans le secteur de Kirrwiller a de quoi s’épanouir. Un atout naturel quand il n’y a pas d’irrigation. C’est une des raisons pour laquelle Sébastien Wendling a été contacté par Cristal Union durant l’été 2021. « Il faut avant tout bien sélectionner ses terres et trouver celles où la betterave va le moins se dessécher, et où elle pourra continuer à pousser en automne », indique Sébastien. Par comparaison dans le Bas-Rhin, sur la couronne autour de Strasbourg « les terres sont plus légères, faciles à travailler et donc plus productives, mais en réalité elles sont moins résilientes car il y a peu de rétention d’eau », complète Marion Humbrecht.
Miser sur les innovations agronomiques
La sucrerie d’Erstein mise pour le futur sur l’utilisation de variétés Conviso Smart pour pérenniser la culture de la betterave. « Pour les planteurs certifiés Haute valeur environnementale (HVE), il y a des nouvelles variétés bas intrants, autorisées en France en 2023, pour lesquelles il y aura seulement deux traitements herbicides par an, avec un Indicateur de fréquence de traitements phytosanitaires (IFT) très bas. Dans 2 ans, les variétés qui bénéficient de cette évolution technique seront disponibles pour les autres planteurs adhérents de la sucrerie. Tout dépendra de la disponibilité des semences », annonce Marion Humbrecht, qui se veut très encourageante.
Niveau rentabilité, en plus d’un point d’écorégime sur les aides de la Politique agricole commune (PAC), la betterave bénéficie de la hausse du prix de l’éthanol et du sucre. En 2023, les futurs planteurs peuvent espérer percevoir une rémunération d’environ 40 €/t. Les trois premières années, les nouveaux planteurs ne sont pas obligés de prendre des parts sociales, ce qui leur permet d’évaluer le bénéfice/risque au niveau économique. « Pour ma première année, le résultat n’est pas trop mal, le chiffre d’affaires est supérieur à celui du maïs. Chez moi, la betterave a moins souffert de la sécheresse », constate Sébastien Wendling. La betterave a fait une bonne première impression à Kirrwiller!