Depuis plus d’un an, les cours du colza en Europe et du canola au Canada s’étaient écartés de ceux du soja américain et sud-américain. Avec la chute des prix des graines de colza en Europe et du canola au Canada, ce n’est plus vrai. Les deux principaux marchés des oléagineux évoluent désormais dans un même couloir de prix. Le soja affiche une relative stabilité entre 500 et 540 $ sur le marché à Chicago depuis la nouvelle campagne, tandis que le colza européen a atteint un pic de plus de 1 000 € la tonne en mai 2022, pour atterrir à 555 €/t le 13 décembre sur le marché physique Fob Moselle. Avec un euro dévalué de plus de 15 % par rapport au dollar au cours de l’année. Autrement dit, les cours sont semblables.
Plusieurs facteurs concourent à la baisse des cours. Le baril de pétrole a chuté à 75 $, les prix du fret se replient, les cours des débouchés comme l’huile, les biocarburants et les tourteaux sont à la baisse, l’économie chinoise qui absorbe de grandes quantités d’oléagineux est en panne, la récolte canadienne est revenue à un niveau normal après une campagne désastreuse en 2021, et enfin la guerre en Ukraine n’empêche pas les exportations russes et ukrainiennes, avec l’accord pour un corridor laissant passer les navires transportant les céréales.
Mais la situation des producteurs de colza et de tournesol n’est pas catastrophique, loin de là. Leur production n’a jamais été autant valorisée que pendant la dernière campagne. Lors des Rencontres Oléopro, le président de la Fédération des producteurs d’oléoprotéagineux (FOP), Arnaud Rousseau, s’est même montré très confiant pour l’année à venir et a expliqué que « les emblavements de colza sont dans la ligne de ceux de l’an dernier, à 1,2 million d’hectares ». Les facteurs positifs ne sont pas absents. Un rebond de l’économie mondiale n’est pas à exclure. L’Europe commence à imposer des clauses dites « miroir », à savoir que les contraintes qu’elle impose à la production européenne soient les mêmes pour les produits d’importation. Mais aussi que l’interdiction à terme d’importer de l’huile de palme puis de soja, pour fabriquer des biocarburants, puisse renforcer la production européenne. Entre nouveau protectionnisme entravant les échanges mondiaux et concurrence enfin loyale ou réponse au défi climatique, voilà de quoi nourrir les débats de fêtes de fin d’année autour d’un chapon fin… Et que l’on souhaite excellentes. À 2023 !