Alors que la pression environnementale s’accélère et que le prix des engrais s’envole, les progrès de la technologie arrivent à point nommé.
Tout d’abord, la coupure de tronçons, présente sur les pulvérisateurs et sur les distributeurs à engrais, se démocratise largement. Si cette technologie apporte une économie d’intrant et une limitation de la verse et de la phytotoxicité dans les croisements (pour les pulvérisateurs), elle permet aussi de moduler l’apport d’engrais ou l’application de produit phytosanitaire chez les agriculteurs qui ont choisi la voie de l’agriculture de précision. La coupure buse à buse gagne aussi du terrain, mais sa rentabilité reste à bien évaluer sur un parcellaire continu et rectangulaire, et en l’absence de modulation.
Les pulvérisation localisées et ciblées pointent le bout de leur nez
Pour les producteurs de culture en ligne comme la betterave, l’arrivée de la pulvérisation localisée sur la ligne de semis est à prendre au sérieux. Sans entraîner de surcoût très important à l’achat, elle permet une diminution importante de l’IFT herbicide ou fongicide, à condition d’être couplée à un binage dans le cas du désherbage. Attention, cette technologie nécessite un guidage GPS tant pour le semoir que pour le pulvérisateur.
Enfin, le marché voit apparaître des solutions de pulvérisation ciblée, basées sur la détection des adventices par des caméras qui commandent l’ouverture partielle ou totale, et la fermeture des buses. Mais attention, cette technologie requiert un équipement particulier qui représente un investissement conséquent. Dans quelle mesure cela sera-t-il rentable ? Devra-t-on passer par de la prestation de service pour bénéficier des réductions d’IFT à des coûts acceptables? Dans quelles mesures ces solutions seront pertinentes sur des pressions adventice élevées. À tester dans nos plaines…
Quoi qu’il en soit, nous pouvons affirmer avec assurance que la technologie est l’un des éléments qui peut réconcilier encore plus la vocation première de l’agriculture, à savoir nourrir l’ensemble des hommes à leur faim, avec l’impératif de ne pas altérer la beauté de notre nature. Et notre société gagnerait à le savoir !
Dans le cadre du plan de relance France 2030, le ministère de l’agriculture a récemment annoncé le déblocage d’une enveloppe de 400 millions d’euros, afin de « soutenir le déploiement d’agroéquipements innovants qui participe à l’accélération de la transition agroécologique ». Dans un premier temps, seules 3 thématiques sont concernées : l’optimisation de la gestion de la ressource en eau, l’adaptation au changement climatique et la réduction de la consommation énergétique. La réduction des produits phytosanitaires et des engrais sera à l’honneur, comme d’autres thématiques, dans un second volet du dispositif. Pour l’instant aucune date, aucun taux et aucune liste de matériel ne sont encore connus mais les constructeurs sont invités à se manifester auprès de Bpifrance afin de présenter leurs matériels susceptibles d’être concernés. Attention, quand FranceAgriMer ouvrira son guichet aux agriculteurs, il faudra être près et très réactif : l’enveloppe risque de s’évaporer en un clin d’œil. Rappelons-nous la vitesse à laquelle étaient partis les 20 millions destinés au développement des protéines végétales en janvier 2021 : la plateforme internet avait été fermée au bout de 24h, avec 60 millions de demandes de subvention. Nous encourageons donc nos lecteurs à réfléchir dès maintenant aux investissements potentiels qu’ils souhaiteraient éventuellement faire et à en parler avec leur concessionnaire et leur conseiller de gestion. Attention également à ne pas passer à côté d’une subvention en investissement trop vite avant l’ouverture du dispositif. Affaire à suivre dans les pages du Betteravier Français.