C’est la première fois qu’un bateau de course au large est fabriqué en partie à partir de fibres de lin.
Le catamaran WE Explorer du skipper Roland Jourdain, double vainqueur de la Route du Rhum en 2006 et 2010, a été construit par l’entreprise de l’Hérault, Outremer. Le pont de 18 mètres sur 9 a été réalisé en fibres de lin, ainsi que la grand-voile et le génois (voile d’avant).
Petit à petit, la filière nautique, comme d’autres secteurs industriels, remplace la fibre de verre et la fibre de carbone par la fibre de lin, un matériau écologique produit en France et notamment en Normandie. L’entreprise Outremer s’est approvisionnée auprès de la coopérative normande Terre de lin installée à Saint-Pierre-le-Viger près de Fontaine-le-Dun, en Seine-Maritime.
Un hectare de lin sur l’océan
Un hectare de lin a été nécessaire pour la fabrication d’une partie du bateau. Le navigateur Roland Jourdain n’est pas un novice dans cette démarche innovante et respectueuse de l’environnement. Il a décidé de se tourner vers le végétal en 2012 en créant sa propre société dédiée aux matériaux biosourcés (d’origine végétale ou animale).
Dans ce but, il a fait appel à la coopérative de teillage de lin normande pour trouver un matériau remplaçant la fibre de verre et la fibre carbone, les plus utilisés actuellement dans la construction des bateaux de plaisance. Mais la fibre de lin les concurrence de plus en plus « par ses qualités de résistance, ses capacités d’absorption des vibrations », explique le navigateur qui ajoute que le lin est plus confortable à travailler que la fibre de verre, irritante, et que c’est un produit français .
De plus, la fibre de lin est beaucoup plus légère que la fibre de verre, ce qui permet un gain de poids important. Un avantage conséquent pour les courses au large.
La coopérative Terre de Lin présidée par un producteur, Guillaume Hemeryck, et forte de 700 adhérents, est implantée en Seine-Maritime et dans l’Eure. Elle est spécialisée dans le teillage et le peignage du lin qui est ensuite transformé en fil dans les filatures. Elle transforme en grande partie du lin pour l’industrie textile, mais elle s’implique de plus en plus sur le marché des composites. C’est ainsi que Terre de Lin travaille avec des sociétés de nautisme et qu’elle intervient depuis plusieurs années dans la fabrication des skis Salomon.
Le défi à relever était grand pour la coopérative de lin. Le pont du catamaran est fabriqué en libres de lin et la surface de tissu posé équivaut à celle d’un terrain de tennis. « C’est la plus grande pièce de fibres de lin jamais produite, ce qui a nécessité au total un hectare de lin pour deux tonnes de fibre ». « C’est un vrai défi pour la coopérative qui a associé dans un projet collectif tous les adhérents et les salariés », indique Laurent Cazenave, chargé de communication à la coopérative de teillage. L’enjeu est aussi de montrer, outre le défi technique, que la course de haut niveau peut aussi allier la performance environnementale.